Plusieurs centaines de personnes ont participé dimanche aux rassemblements organisés à Ferguson, dans la banlieue de St. Louis, un an jour pour jour après la mort d'un adolescent noir tué par un policer blanc qui a ravivé la question raciale dans tous les Etats-Unis.
Sous le slogan "Black Lives Matter" (La vie des Noirs compte), des manifestants s'étaient réunis dès samedi à la mémoire de Michael Brown et pour protester contre les homicides dont sont victimes des membres de la communauté noire lors d'interpellations policières. Darren Wilson, le policier blanc auteur des coups de feu mortels, n'a pas été inculpé par la justice. Les rassemblements se sont pour l'essentiel déroulés sans incidents.
A la nuit tombée cependant, quelques dizaines de manifestants ont convergé sur West Florissant Street, théâtre de violences l'an dernier, et bloqué la circulation en scandant des slogans contre la police. Une vitrine d'un magasin situé à proximité a été brisée. Des coups de feu ont été entendus lors d'une confrontation entre ces contestataires et les policiers.
Dans la journée, des coups feu ont également été tirés d'une voiture, mais aucun lien n'a été établi avec la manifestation qui se déroulait au même moment. L'auteur présumé de la fusillade, un jeune homme de 17 ans, a été appréhendé. La foule s'est d'abord rassemblée pour observer quatre minutes et demie de silence, symbole des quatre heures et demie durant lesquelles le corps de Michael Brown est resté au sol, le 9 août 2014.
Deux colombes ont été ensuite relâchées et les participants ont commencé à défiler en silence pour honorer l'adolescent et les autres victimes de violences policières. A New York, une centaine de personnes se sont réunies à Brooklyn, s'allongeant sur le sol pour marquer leur solidarité. Deux personnes ont été interpellées.
UN ADOLESCENT NOIR TUÉ AU TEXAS
Un demi-siècle après les grands rassemblements du mouvement des droits civiques, la mort du jeune homme a suscité un vif débat aux Etats-Unis sur les violences policières à l'encontre des minorités et, au-delà, relancé la question raciale. D'autres bavures policières, dans des villes comme New York et Baltimore, ont produit les mêmes scènes de colère et de protestation qu'à Ferguson l'été dernier et conduit des organisations à dénoncer un "racisme institutionnalisé", différent des actes racistes isolés comme l'assassinat de neuf paroissiens dans une église afro-américaine de Charleston, en juin dernier en Caroline du Nord.
Au Texas, un autre adolescent noir, Christian Taylor, a été tué vendredi par un policier blanc qui intervenait sur un cambriolage signalé dans une concession automobile de la ville d'Arlington. Le jeune homme, qui n'était pas armé, a été abattu par un policier de 49 ans, Brad Miller, qui était encore en formation au sein des services de la police. Les services de la médecine légale ont établi que la victime avait été atteinte au cou, au torse et à l'abdomen.
"Cet événement n'est pas un acte isolé. Il s'est produit alors que notre pays se débat avec les questions de justice sociale, d'inégalités, de racisme et d'infractions policières", a déclaré devant la presse le chef de la police d'Arlington, Will Johnson.
LA QUESTION DES DROITS CIVIQUES
Dans un rapport sur la mort de Michael Brown rendu public en mars dernier, le département de la Justice réclamait de profondes réformes au sein de la police et du système judiciaire local, dénoncés pour leurs préjugés raciaux systématiques qui, selon l'Attorney General (ministre de la Justice) Eric Holder, y ont créé un "environnement toxique". (
Au-delà des violences policières, le débat a aussi porté sur les discriminations. A plusieurs reprises dans l'année écoulée, Barack Obama, le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, est intervenu dans le débat. Participant en mars au cinquantième anniversaire de la marche pour les droits civiques organisée en 1965 à Selma, en Alabama, il avait ainsi affirmé que le combat contre les discriminations aux Etats-Unis avait fait des progrès mais qu'il n'était toujours pas terminé.
D'après le Parti démocrate, la formation d'Obama, les républicains réclament des mesures plus strictes sur l'identification des électeurs sous prétexte de combattre la fraude électorale mais dans l'intention véritable de dissuader les minorités d'aller voter. Samedi, dans son allocution hebdomadaire, Barack Obama a de nouveau pris la défense du Voting Rights Act.
Promulguée quelques mois après la marche violemment réprimée de Selma, cette loi la loi tirait un trait sur les atteintes au droit de vote de la population noire. "Cinquante ans après le Voting Rights Act, il existe encore bien trop de barrières contre le vote, et de trop nombreuses personnes tentent d'en ériger de nouvelles", a-t-il dit.
Avec Reuters