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Un audit met en lumières les écarts du passé de la Fifa


Le président Gianni Infantino parle au 67e congrès de la Fifa à Manama, Bahrein, le 11 mai 2017.
Le président Gianni Infantino parle au 67e congrès de la Fifa à Manama, Bahrein, le 11 mai 2017.

Certes, c'est un audit commandé par Gianni Infantino après son élection à la présidence de la Fifa, flatteur pour son bilan. Mais ce document dont l'AFP a eu une copie met en lumière les dysfonctionnements de l'ère Sepp Blatter/Jérôme Valcke, ex-N.1 et N.2 déchus, entre abus de jets privés et remboursements infondés.

Ce rapport édifiant, couvrant la période 2006/2015, a été réalisé par la société d'audit suisse BDO. Rendu en octobre 2017, il est resté jusque là confidentiel.

Il souligne notamment "l'absence de règles claires", avec pour conséquence des remboursements de dépenses qui ne seraient "plus autorisées" selon les normes actuelles. Comme ces "deux anciens membres du Comité exécutif de la Fifa", dont les noms ne sont pas révélés, qui ont profité de ce flou pour récupérer "respectivement 780.000 et 390.000 dollars, et ce sur une période d'une année seulement"...

Autre exemple, sur une période de 5 ans, un autre "officiel de la Fifa, de haut rang", s'est fait rembourser 300.000 dollars, bien que les factures soient établies au nom de sa Fédération nationale. Selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, il s'agit du Thaïlandais Worawi Makudi, suspendu 5 ans par la Fifa pour d'autres faits.

Chuck Blazer, autre ponte de la Fifa, radié, puis source d'informations pour le FBI avant de décéder, est également épinglé. Non content de toucher des millions de dollars sur des contrats de droits télé, l'Américain ne crachait pas sur de petites combines. Ayant assisté à deux événements de la Fifa au même endroit à quelques jours d'intervalle, il s'est fait rembourser deux vols aller-retour alors qu'il n'en avait effectué qu'un. Gain: 13.000 dollars.

Jets privés et gourmands

Le fils d'un ancien membre du Comité exécutif représentant le Costa Rica, Isaac Sasso Sasso, lui aussi décédé, avait obtenu 15.000 dollars d'indemnités et de frais pour un événement de la Fifa auquel son père ne participait même pas.

L'audit met aussi en lumière "l'absence de procédure d'approbation" de l'utilisation des jets privés par le secrétaire général de l'époque, le Français Jérôme Valcke, suspendu depuis et soupçonné de corruption par la justice suisse. Ainsi, la Fifa a-t-elle dépensé en moyenne 4,9 M USD par an pour ce moyen de transport entre 2010 et 2014, la somme grimpant à 7,9 M USD pour la seule année 2014.

En 2016, première année du mandat d'Infantino, "les dépenses pour des vols en jet privé ont baissé de 88%" par rapport à la période 2010/14, souligne l'audit.

Jusqu'en mars 2014, Blatter et Valcke étaient les seuls à pouvoir disposer à leur guise, de fonds déposés sur des comptes séparés et destinés à soutenir des oeuvres de charité ou des organisations de leur choix.

L'ex-président subventionnait ainsi largement sa "fondation Blatter" établie dans sa ville natale de Viège. "Il y avait peu de contrôles de ces comptes, même s'ils apparaissaient dans les bilans de la Fifa", souligne l'audit. "Il n'y avait aucun encadrement de leur utilisation, d'où le risque que l'ex-président et l'ex-secrétaire général les utilisent dans leur propre intérêt". Ainsi, entre 2006 et 2014, un "haut responsable" qui n'est autre que Blatter a-t-il donné "plus de 2,5 M USD à des organisations de charité ou à sa ville natale" de Viège.

Zones d'ombre actuelles

Pour corriger les dysfonctionnements, le document salue une série de mesures préconisées par la commission de réforme dont faisait partie Infantino avant même son élection, puis adoptées lors du congrès de février 2016.

"Des améliorations considérables" pour "la gouvernance, la composition et l'indépendance des commissions, la conformité, les finances, la commercialisation des droits et le soutien au développement du football ou de la vente des billets" sont saluées par l'audit.

Des critiques externes à la Fifa visent cependant Infantino sur les conditions dans lesquelles les mandats des deux présidents de la Commission d'éthique n'ont pas été renouvelés. Le président de la Commission de gouvernance, Miguel Maduro, a également dû quitter son poste alors qu'Infantino a été accusé d'avoir bloqué le travail de cet organe.

"Les réformes et améliorations doivent encore être achevées même si un grand nombre ont déjà été appliquées", ajoute encore l'audit. Et d'avancer que "beaucoup de ces réformes sont uniques dans la gouvernance des organisations sportives et pourraient servir d'exemples".

Ce mercredi, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe devait débattre à Strasbourg d'un rapport de la députée luxembourgeoise Anne Brasseur, dans lequel elle met en évidence les zones d'ombre de la Fifa actuelle et s'interroge notamment sur le mode de gouvernance depuis l'élection d'Infantino.

Avec AFP

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