Merzoug Touati est détenu depuis qu'il a été arrêté à Béjaia (260 km à l'est d'Alger) en janvier 2017, après avoir appelé sur son compte Facebook à protester contre la nouvelle loi de Finances et diffusé sur son blog un entretien vidéo avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Son compte et son blog ont depuis été supprimés.
Il est accusé au titre de l'article 77-1 du Code pénal, qui punit de la peine de mort le fait "d'inciter les citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité de l'Etat", a expliqué l'avocat, Me Boubakeur Esseddik Hamaïli, à l'AFP.
Il est également accusé au titre de l'article 87-bis qui considère "acte terroriste ou sabotage, tout acte visant la sûreté de l'Etat (...) la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
L'accusation lui reproche en outre d'avoir entretenu "avec les agents d'une puissance étrangère des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques essentiels", crime passible de 20 ans de prison.
Ces chefs "n'ont rien à voir avec les preuves ou le dossier d'instruction", a expliqué Me Hamaïli, précisant qu'il allait plaider l'acquittement lors du procès qui s'ouvre jeudi à Bejaia.
Le Parquet de Béjaia n'a pu être joint mercredi par l'AFP.
Selon son avocat, M. Touati a publié sur Facebook un simple appel "à la désobéissance civile". En outre, a-t-il rappelé, son client, au chômage depuis sa sortie de l'université et "qui n'a jamais eu de poste à responsabilité en Algérie", n'était pas en mesure de détenir et de communiquer une quelconque information sensible à son interlocuteur israélien.
"Il n'y a aucun rapport entre les chefs d'accusation et la personnalité de Merzoug Touati", a assuré son avocat.
Son compte Facebook et son blog "ne contenaient ni incitation à la violence ni appel à la haine, et ses publications entraient dans le cadre de la liberté d'expression en lien avec son travail de journaliste citoyen", a indiqué pour sa part Amnesty international dans un communiqué.
"Il est absurde qu'un post exprimant une opinion pacifique sur Facebook puisse entraîner une condamnation à mort", a estimé Heba Morayef, la directrice pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient de l'ONG.
Avec AFP