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Un collectif dénonce l’emploi des supplétifs de l’armée dans la lutte contre le terrorisme au Faso


Le VDP Soumaila Ganamé dit Ladji Yoro est décoré à titre posthume par le ministre des Armées le général Barthélémy Simporé, Ouagadougou le 26 décembre 2021.
Le VDP Soumaila Ganamé dit Ladji Yoro est décoré à titre posthume par le ministre des Armées le général Barthélémy Simporé, Ouagadougou le 26 décembre 2021.

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), un groupe de la société civile, demande au gouvernement du Burkina Faso de mettre fin aux activités des groupes d’autodéfense tels que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Le CISC a été créé au lendemain d’un massacre à Yirgou, dans le Centre-nord, qui a fait 210 morts en janvier 2019, selon le collectif. L’organisation s’indigne aujourd’hui, trois ans après, qu’il n’y ait eu aucune avancée judiciaire du dossier.

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Pour le CISC, les groupes d’autodéfense tels que les VDP sont en pratique l'équivalent de milices qui opèrent, avec la bénédiction des autorités, en dehors des limites imposées par les lois. Ce qui, aux yeux du groupe, n’est pas compatible avec l’État de droit.

"Les VDP qui, au lieu aujourd’hui de sécuriser les populations, sont devenus des facteurs d’exposition des populations civiles, des facteurs d’exposition des villages qui sont fortement dégradés à cause de leur présence", dit Dr Daouda Diallo, le secrétaire général du CISC.

Le CISC en conférence de presse, Ouagadougou le 23 décembre 2021
Le CISC en conférence de presse, Ouagadougou le 23 décembre 2021

"S’il y a lieu de recruter les auxiliaires qui vont appuyer l’armée, il faut le faire selon une procédure régulière, transparente et d’une bonne moralité, les enrôler en même temps dans l’armée pour que l’action soit contrôlée, suivie et que les droits humains soient respectés", précise-t-il.

Riposte communautaire à l'insécurité

A l’origine, les VDP étaient la réponse spontanée des communautés confrontées à l'insécurité chronique émanant des groupes djihadistes qui prolifèrent dans toute la région du Sahel.

En décembre 2019, les autorités burkinabè ont adopté une loi qui sanctionne la formation de ces groupes informels, les désignant comme des "auxiliaires" de l'armée régulière.

Mais, selon le CISC, ces groupes dits d'autodéfense se sont à leur tour livrés aux mêmes types d'exactions que celles perpétrées par ceux contre qui ils prétendent se battre.

"Ces civils armés ont profité des armes qu’ils possèdent pour s’adonner à des exactions, à des violences basées sur le genre et sur des cas de disparitions forcées. Ce qui entraîne la spirale des violences", dit Dr Diallo.

“Après le drame de Yirgou, la justice a tenté (d'agir) et il y a eu des entraves sur tout le long du parcours du dossier. Sur les 180 mandats à amener, seulement 11 personnes sont aujourd’hui en prison”, déplore Dr Ibrahim Barry, un porte-parole du CISC.

Selon le collectif, depuis le massacre de civils à Yirgou, il a maintes fois tiré la sonnette d’alarme en expliquant que l’impunité de Yirgou risque fort de provoquer un embrasement dans la région du Centre-nord et partant du Burkina tout entier. “Nous n’avons pas été écoutés. Et les conséquences sont là aujourd’hui”, note l’organisation.

Encadrement juridique

Pour le juriste Paz Hien, il y a lieu de distinguer entre les groupes d’autodéfense informels et les VDP.

"Les groupes d’autodéfense au Burkina Faso n’ont aucun statut juridique. Ce sont des groupes informels mais les VDP sont régis par une loi. Les activités des groupes d’autodéfense sont à proscrire dans un État de droit, dans une république. C’est à remettre en cause, contrairement aux VDP", explique-t-il.

Sur le terrain, faire la distinction est un exercice difficile. Les volontaires sont la cible des groupes terroristes et beaucoup perdent la vie dans des accrochages.

C’était le cas la semaine dernière lorsqu'un VDP bien connu, Ladji Yoro, a été abattu dans une embuscade dans le nord du pays. Un deuil national de deux jours a été déclaré dans la région.

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    Lamine Traoré

    Lamine Traoré est journaliste depuis près d’une dizaine d’années. Il a intégré Radio Oméga en 2013, la principale radio privée d’information au Burkina.

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