PARIS (Reuters) - Un des pilotes de l'Airbus de la compagnie Germanwings qui s'est écrasé mardi dans les Alpes françaises avec 150 personnes à bord a quitté le cockpit et n'a pu y retourner avant le crash de l'avion, rapporte le New York Times mercredi en citant des informations émanant d'un enregistreur de voix de l'appareil.
"Le type à l'extérieur frappe légèrement à la porte et il n'y a pas de réponse", a déclaré un responsable militaire participant à l'enquête au journal américain, en parlant de l'enregistreur. "Alors ensuite, il frappe plus fort à la porte et pas de réponse. Il n'y a jamais de réponse."
"On peut entendre qu'il essaie de défoncer la porte", ajoute l'enquêteur qui a requis l'anonymat.
Selon un porte-parole de la compagnie allemande Lufthansa, dont Germanwings est une filiale, conformément aux législations entrées en vigueur après les attentats du 11 septembre 2001, la porte du cockpit est fermée de l'intérieur pendant le vol mais peut être ouverte de l'extérieur avec un code.
Selon Airbus, ce code peut toutefois être bloqué de l'intérieur du cockpit.
Les dirigeants de Lufthansa et Germanwings tiendront une conférence de presse à 14h30.
Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, tiendra une conférence de presse à 12h30, à Marignane (Bouches-du-Rhône), a annoncé le parquet de Marseille.
Aux ministères français de l'Intérieur et de la Défense, on déclarait jeudi n'avoir "aucune information" concernant les informations du New York Times.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a réussi à écouter le fichier audio de la "boîte noire" qui a enregistré les échanges audio dans le cockpit, a déclaré mercredi Rémi Jouty, directeur du BEA, lors d'une conférence de presse au Bourget.
Il a ajouté qu'il était "beaucoup trop tôt pour en tirer la moindre conclusion sur ce qui s'est passé".
Selon l'enquêteur cité par le New York Times, l'enregistrement audio montre une conversation "très calme" entre les pilotes au début du vol qui assurait la liaison entre Barcelone en Espagne et Düsseldorf en Allemagne.
LES FAMILLES VONT SE RENDRE SUR PLACE
L'enregistrement indique ensuite qu'un des pilotes quitte le cockpit.
"Nous ne savons pas encore la raison pour laquelle un des types est sorti", a ajouté l'enquêteur. "Mais, ce qui est sûr, c'est qu'à la toute fin du vol, l'autre pilote est seul et n'ouvre pas la porte."
La Lufthansa, maison mère de Germanwings, a fait savoir par un porte-parole qu'elle était au courant de l'article du New York Times.
"Nous n'avons aucune information des autorités qui confirme cet article; nous sommes à la recherche de plus d'informations. Nous ne participerons pas aux spéculations sur les causes du crash", a dit le porte-parole.
Il a précisé que depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la réglementation prévoit que les portes des cockpits ne peuvent plus être ouvertes de l'extérieur.
Sur le terrain des opérations de récupération des débris de l'avion et des corps des 150 victimes, à Seyne-les-Alpes dans les Alpes-de-Haute-Provence, les rotations des hélicoptères ont repris jeudi matin pour amener les enquêteurs en altitude.
Aucun corps n'a encore été descendu de la montagne où le crash s'est produit, a-t-on appris auprès de la gendarmerie.
La deuxième boîte noire de l'appareil, qui enregistre les paramètres du vol, n'a pas encore été retrouvée, a-t-on ajouté de même source.
Une partie des familles des victimes, qui ont été regroupées à Digne-les-Bains, près du site de la catastrophe, pour celles qui sont arrivées en voiture, et à l'aéroport de Marseille-Marignane pour celles qui ont voyagé en avion, devaient se rendre sur les lieux du drame jeudi après-midi.