Un militant tchadien arrêté le mois dernier pour avoir publié des messages "subversifs" sur les réseaux sociaux est toujours détenu, sans inculpation, au-delà de la durée légale de garde à vue, a-t-on appris.
Selon des témoins, des hommes armés et masqués ont débarqué le 24 janvier chez Baradine Berdei Targuio, président de l’Organisation tchadienne des droits humains, et l'ont conduit manu militari à la direction de l’agence nationale de sécurité (ANS).
Selon ses proches, l'arrestation de M. Targuio serait liée au fait qu'il avait publié sur sa page Facebook un message selon lequel le président du Tchad, Idriss Deby Itno, "serait gravement malade et évacué en France pour des soins". Un acte que les autorités de N’Djamena qualifient de "cybercriminalité".
Depuis, ni sa famille ni ses avocats n’ont pu entrer en contact avec M. Targuio. La société civile tchadienne qualifie sa détention d’illégale et arbitraire, de même qu'Amnesty International.
"Nous demandons sa libération immédiate parce qu’il n’y a pas des raisons valables qui nécessitent une arrestation," souligne Mahamat Nous Ahmat Ibédou, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme. "Il avait simplement sur sa page Facebook fait allusion à la maladie qui, en fait, regarde tous les Tchadiens", précise l'activiste.
Mais le pouvoir ne l'entend pas de cette oreille.
"C’est une arrestation en bonne et due forme qui est supervisée par le procureur de la république," selon le ministre tchadien de la justice, Djimet Arabi.
"C’est une personne qui fait des activités subversives à travers les réseaux sociaux et donc il est du devoir de l’Etat de mettre fin à ces pratiques. C’est pour cette raison qu’il a été arrêté pour une enquête sur la cybercriminalité", ajoute le garde des sceaux.