Un ancien député gabonais, rallié à l'opposition juste avant la réélection du président Ali Bongo Ondimba en 2016, a été remis en liberté mardi après six années de prison notamment pour "instigation" à la violence, a-t-il annoncé à l'AFP.
Bertrand Zibi Abeghe, qui jouit de la double nationalité gabonaise et américaine, avait été arrêté le 31 août 2016 au siège du parti du leader de l'opposition Jean Ping, candidat malheureux face à M. Bongo, en marge de violences qui venaient d'opposer des manifestants aux forces de l'ordre. Ces heurts avaient fait quatre morts selon le gouvernement, 30 tués par balles selon l'opposition.
Après trois ans de détention provisoire, M. Zibi avait été condamné en juillet 2019 en première instance, puis en mars 2021 en appel, à six années de prison pour "instigation aux violences et voies de fait et détention illégale d’armes à feu". Mais l'opposition, des associations de défense des droits humains et les proches de M. Zibi l'ont toujours considéré comme un "prisonnier politique".
Il a été remis en liberté dans la nuit de lundi à mardi, a confirmé par téléphone à l'AFP son avocat Charles-Henri Gey.
"Je suis ému aux larmes, je suis auprès de mes proches", a déclaré M. Zibi par téléphone depuis son domicile. "Un engagement politique reste à vie", a-t-il ajouté quant à ses intentions, à 11 mois de l'élection présidentielle au Gabon, assurant qu'il se donnait "un à deux mois" pour "prendre le temps de l'introspection".
Bertrand Zibi, ancien député du Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, en avait démissionné au cours d'une réunion publique en présence du président Bongo en juillet 2016, une sortie très médiatisée un mois avant la présidentielle à l'issue de laquelle le sortant avait été réélu à une très courte majorité. Cette victoire avait été contestée par Jean Ping, que M. Zibi avait rallié avant le scrutin.
Après la proclamation des résultats, des manifestations avaient tourné en violences, avec l'incendie de l'Assemblée nationale, un assaut très violent des forces de l'ordre contre le QG de M. Ping et des arrestations par centaines, dont celle de M. Zibi.
"L'opinion retient que c'est à la suite de sa démission fracassante que ses ennuis ont commencé", a commenté mardi Me Gey, déplorant un "dossier politique".
Ali Bongo Ondimba, chef de l'État depuis 13 ans, a été élu la première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo, qui présidait depuis 41 ans ce petit État riche de son pétrole en Afrique centrale.
Ali Bongo n'a encore pas formellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat en août 2023 mais il y est chaque jour vivement encouragé par son parti, le PDG.