Cet ex-sénateur, interpellé le 11 août 2017 et dont le nom peut aussi s'orthographier Ould Ghadde, a retrouvé sa famille dans l'après-midi après avoir pu quitter le commissariat de police où il se trouvait depuis 24 heures, a précisé l'avocat, Mohamed El Mamy.
M. Ould Ghadda avait fait l'objet vendredi d'une mesure de remise en liberté conditionnelle de la part de la justice, à la veille d'élections législatives et locales tests pour le régime du président Ould Abdel Aziz.
Transféré dans un commissariat de police, l'ancien sénateur a refusé de signer le procès-verbal spécifiant les conditions de son placement sous contrôle judiciaire, qualifiées de "très lourdes" par son avocat et qui comprennent selon lui l'obligation de se présenter à un commissariat deux fois par semaine, de rester à Nouakchott et de remettre son passeport à la police.
Malgré l'absence de sa signature et sa remise en liberté, il reste sujet au respect de ces conditions, dont l'application sera vérifiée par la police.
M. Ould Ghadda avait pris la tête l'an dernier d'une fronde de plusieurs mois contre un projet de réforme de la Constitution du président Ould Abdel Aziz, prévoyant notamment la disparition du Sénat.
Le texte avait finalement été adopté en août 2017 par référendum,boycotté par une partie de l'opposition.
M. Ould Ghadda est accusé par le régime d'avoir reçu des fonds de l'homme d'affaires et mécène franco-mauritanien Mohamed Ould Bouamatou pour financer sa lutte contre le référendum.
Ces accusations visent également d'autres sénateurs, des journalistes et syndicalistes, qui sont depuis un an sous contrôle judiciaire et empêchés de quitter le pays.
M. Bouamatou est pour sa part sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par les autorités mauritaniennes après avoir été inculpé pour corruption en août 2017, tout comme son associé en Mauritanie, Mohamed Ould Debbagh.
Des associations --l'ONG Avocats sans frontières, l'Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption et la Coalition contre la corruption en Mauritanie-- ont par ailleurs déposé une plainte à Paris en juillet contre l'homme d'affaires pour des soupçons de blanchiment en France.
M. Bouamatou a publié cette semaine un communiqué, largement repris dans la presse privée mauritanienne et sur les réseaux sociaux, dans lequel il lance "un appel à la résistance contre la dictature du président Mohamed Ould Abdel Aziz".
La justice a récemment saisi ses avoirs dans les banques mauritaniennes, ce qui pourrait gravement nuire au fonctionnement de l'hôpital ophtalmologique financé par sa fondation caritative à Nouakchott, selon ses avocats.
Avec AFP