Samuel Ogundipe, journaliste pour le site d'information en ligne Premium Times, a été arrêté avec deux de ses collègues mardi, avant d'être conduit au centre de détention de la force spéciale antivol (SARS) à Abuja, la capitale fédérale.
Ses deux collègues ont été relâchés, tandis que M. Ogundipe était toujours en détention, accusé d'avoir publié un rapport signé du chef de la police, Ibrahim Idris, et envoyé au vice-président Yemi Osinbajo le 7 août concernant la mystérieuse opération d'agents de renseignement cagoulés sur le Parlement.
"Ils (la police) n'ont eu cesse de lui demander de dévoiler sa source", explique le Premium Times dans un communiqué, dénonçant "la répression injuste et hors-la-loi d'un citoyen et journaliste honnête".
Les services de police, contactés par l'AFP, n'ont fait aucun commentaire.
Le Syndicat nigérian des journalistes (NUJ) a également condamné cette arrestation et demande la libération immédiate du reporter.
"Le NUJ est horrifié par les menaces et violences constantes exercées contre les journalistes par la police et les autres agents de l'Etat et demande que cela s'arrête immédiatement", a déclaré à l'AFP le président de l'organisation Waheed Odusile.
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"Le principe de la confidentialité des sources est la base d'un journalisme de qualité et les reporters ne doivent jamais être forcés à les dévoiler", a-t-il ajouté.
Le 7 août, des hommes armés et cagoulés de la police et de l'agence de renseignement intérieur (DSS) avaient bloqué plusieurs heures l'accès du Parlement à Abuja, empêchant parlementaires, employés et journalistes de rentrer.
Personne ne sait aujourd'hui sous les ordres de qui s'est déroulée cette opération, mais elle survient alors que le président du sénat Bukola Saraki et le chef de l'Etat Muhammadu Buhari sont en engagés dans un bras de fer politique, à six mois la prochaine élection présidentielle.
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Quelques heures après cette arrestation, le vice-président Yemi Osinbajo -à la tête du pays alors que M. Buhari est en congés à Londres- a surpris en annonçant une restructuration totale de la force spéciale des SARS, après leur implication dans de nombreux scandales d'abus des droits de l'Homme, torture, et d'exécution extra-judiciaires de suspects ces dernières années.
Avec AFP