Le pape argentin François a créé mercredi cinq nouveaux cardinaux, qui confirment l'attention que le Souverain Pontife porte aux communautés catholiques les plus petites et les plus reculées, en Afrique et en Asie, mais aussi en Europe.
Le benjamin de 67 ans, l'évêque de Stockholm Anders Arborelius, et le vétéran de 78 ans, l'archevêque de Barcelone Juan José Omella, ont d'abord cru à une plaisanterie en apprenant leur nomination par le pape voici un mois, ont-il raconté à l'AFP.
Mercredi les deux Européens se sont agenouillés devant François dans la basilique Saint-Pierre pour recevoir leur "barrette" pourpre -une coiffe ecclésiastique en forme de toque quadrangulaire- tout comme l'archevêque malien Jean Zerbo (74 ans), l'évêque laotien Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun (73 ans) et l'évêque du Salvador Gregorio Rosa Chavez (74 ans).
Le pape leur a rappelé dans une rituelle formule latine que cette couleur rouge signifie qu'ils doivent "se comporter avec courage, jusqu'à verser leur sang, pour la croissance de la foi chrétienne".
Auparavant, il a souligné que les nouveaux cardinaux n'étaient pas appelés à devenir "des princes de l'Eglise" mais des serviteurs attentifs à "la réalité", celle "des innocents qui souffrent et meurent à cause des guerres et du terrorisme" ou encore "des camps de réfugiés".
Il s'agit d'une première historique pour la Scandinavie et la Suède, petit pays de tradition luthérienne aujourd'hui l'un des plus sécularisés d'Europe, mais aussi pour le Mali musulman, le Laos communiste et plutôt bouddhiste, ainsi que le petit Salvador catholique.
"D'abord j'ai pensé que c'était une blague, puis cela a été un choc", confie Mgr Anders Arborelius, unique évêque catholique de Suède, converti à 20 ans.
"C'est typique du pape d'avoir choisi Le Laos, le Mali, la Suède, où les catholiques sont ultra minoritaires. Il veut montrer que ce sont des petits groupes très importants aux yeux de Dieu", juge-t-il.
- 'renforcer les églises des périphéries' -
La nomination de seulement deux cardinaux européens "reflète la situation de l'Eglise, avec des fidèles en diminution, ainsi qu'une nouvelle dynamique en Afrique, en Asie et en Amérique latine", analyse-t-il.
Qu'aimerait-il dire au pape? "Je voudrais l'encourager à donner plus de responsabilités aux femmes", dit Anders Arborelius, sans aller jusqu'à prôner l'ordination de femmes.
L'archevêque de Barcelone, Juan José Omella, a appris sa nomination par un ami. "Le pape ne m'a pas consulté!", plaisante-t-il. "Etre cardinal, c'est être conseiller du pape. C'est une grande responsabilité et ça me fait peur".
La nomination de l'archevêque d'une grande ville espagnole est la seule à rappeler la tradition qui a longtemps privilégié l'Europe et des prélats gravissant les échelons.
"Le pape connaît bien la pensée de l'Eglise en Espagne et Barcelone est une ville importante", note Mgr Omella qui rejoint douze autres cardinaux espagnols.
L'archevêque de Bamako Mgr Jean Zerbo est particulièrement engagé dans le dialogue interreligieux. Il a joué un rôle actif dans les négociations de paix au Mali, où la population est à 90% musulmane.
François a aussi fait un choix atypique en nommant au Salvador un simple évêque "auxiliaire" depuis 35 ans. Ce défenseur d'une "Eglise des pauvres" a dédié sa nomination à Mgr Oscar Romero, l'archevêque de San Salvador assassiné en mars 1980 en pleine homélie.
Le premier cardinal du Laos (45.000 catholiques) est pour sa part un "vicaire apostolique", qui a été emprisonné pendant trois ans après la prise de contrôle du pays par les communistes.
Depuis son élection en mars 2013, le pape François a nommé 60 cardinaux (sur 225), dont 49 "électeurs" de moins de 80 ans (sur 121) qui pourront participer au choix de son successeur lors d'un conclave, selon les dernières statistiques publiées.
Parmi ces électeurs, 44% sont Européens, 24% d'Amérique du Sud, 4% d'Amérique centrale, 10% d'Amérique du nord, 13% d'Afrique, 12% d'Asie et 3% d'Océanie.
Avec AFP