La première victime, "Seidou Salissou, 32 ans, électricien dans le bâtiment et père d'un enfant" est mort d'une blessure par balle dans la matinée, selon Aimé Adi, représentant d'Amnesty International pour le Togo.
"Notre collègue est sur place. Le corps a été envoyé à l'hôpital. On a contacté le procureur pour que le corps soit examiné par un médecin (légiste)", a-t-il précisé.
"Ce matin les militaires ont bloqué toutes les rues et ont demandé aux enfants de rentrer chez eux", raconte de son côté Ouro Akpo Tchagnaou, un député de la localité pour l'opposition. "Un jeune a été tué par balle", a-t-il affirmé.
Un témoin de la scène a également confirmé à l'AFP que l'homme a été abattu alors qu'il était sorti de chez lui. "La situation est vraiment tendue", raconte un habitant sous couvert d'anonymat. "Rien ne bouge. Les militaires dispersent tout rassemblement et les jeunes dressent des barricades dans les rues pour empêcher les militaires (de venir) en ville", a-t-il ajouté.
Un peu plus tard dans la journée de lundi, une autre personne, Kpelafia Abdould Tchagouni, 36 ans, a succombé à une bastonnade avec les forces de sécurité.
"Il a été bastonné et jeté dans le feu" dans le quartier de Kouloundé, a expliqué à l'AFP un habitant de Sokodé.
"Nous pouvons confirmer cette deuxième victime", a fait savoir Amnesty International, confirmant la mort par "bastonnade". "Il a été récupéré par ses parents", selon l'ONG de défense des droits de l'Homme.
Ce nouveau bilan porte à au moins quatre morts le nombre de personnes tuées depuis samedi.
La video d'un homme à terre, le ventre gonflé de sang, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, principal outil de rassemblement des partisans de l'opposition.
Les violences de ce weekend ont déjà fait au moins deux morts selon les autorités, trois selon l'opposition. Quatre membres des forces de l’ordre ont été blessées et 28 manifestants interpellés, a ajouté le gouvernement.
Ces manifestations interviennent après un an de crise politique et l'échec des négociations entre le pouvoir et l'opposition, sous l'égide de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest).
La coalition de 14 partis d'opposition boycotte les prochaines législatives prévues le 20 décembre, dénonçant des "irrégularités" dans leur préparation, et avait appelé à des manifestations pendant une dizaine de jours à partir de samedi pour exiger l'arrêt du processus électoral.
Ces manifestations ont été interdites par le gouvernement qui a évoqué le "risque très élevé de troubles graves à l'ordre public" alors que la campagne électorale a démarré mardi dernier.
Le pays traverse une grave crise politique depuis plus d'un an, avec des manifestations massives pour réclamer la démission du président Faure Gnassingbé. Ce dernier a succédé en 2005 à son père qui avait dirigé le Togo d'une main de fer pendant 38 ans.