Mercredi, neuf policiers avaient été tués dans des circonstances similaires dans deux incidents distincts, dans les comtés de Garissa (4 morts) et Mandera (5 morts). Les autorités kényanes avaient lancé ensuite une opération contre les shebab, affiliés à Al-Qaïda, dans l'est du pays.
"Les cinq policiers tués dans l'attaque étaient en route pour renforcer notre opération en cours vers Liboi", ville frontalière de la Somalie, a déclaré le coordonnateur sécurité de la région Nord-Est, Mohamud Ali Saleh.
L'attaque de jeudi a eu lieu non loin de Liboi, dans le comté de Garissa, a précisé la Croix-Rouge kényane. Une photo publiée dans la presse locale montre le pick-up vert de la police retourné sur la piste sablonneuse.
Comme les deux attaques de mercredi, celle de jeudi a été revendiquée par les shebab, coutumiers de ce genre d'attentat, mais pas à cette fréquence dans l'est du Kenya, a rapporté le SITE Intelligence Group, spécialisé dans la surveillance des sites internet islamistes.
Depuis son intervention militaire dans le sud de la Somalie en 2011 pour lutter contre les shebab, le Kenya a été la cible de plusieurs attentats meurtriers, notamment ceux du centre commercial Westgate à Nairobi (septembre 2013 - 67 morts) et de l'université de Garissa (avril 2015 - 148 morts).
Mercredi, cinq policiers attachés à la sécurité du gouverneur de Mandera (nord-est), Ali Roba, qui faisait partie du même convoi mais en est sorti indemne, avaient été tués dans l'après-midi quand leur véhicule avait heurté un engin explosif improvisé.
Quelques heures plus tôt, quatre policiers avaient été tués dans les mêmes circonstances plus au sud, tout près du poste frontière de Liboi, sur la route menant vers la ville de Garissa (est).
"Plusieurs suspects terroristes ont été interpellés, dont deux à Garissa", a indiqué le chef de la police kényane, Joseph Boinnet, dans un communiqué. L'un d'entre eux est un "haut responsable shebab expert en explosifs".
Activité accrue
Mardi, la police kényane avait mis en garde contre une activité accrue des islamistes dans la région, assurant que les shebab sont "sous pression en Somalie" et "se sont divisés en plusieurs petits groupes, dont certains se dirigent vers nos frontières avec l'intention de mener des attaques".
"Les forces de sécurité ont empêché la majorité d'entre eux de s'infiltrer, mais certains pourraient être parvenus à passer la frontière poreuse et sont responsables des attaques", a soutenu jeudi Joseph Boinnet, mettant en garde contre de possibles nouvelles attaques à l'approche du ramadan, mois sacré pour les musulmans.
M. Boinnet a indiqué que les activités antiterroristes dans l'est du Kenya ont été intensifiées et que les autorités suivaient d'autres pistes d'enquête "suggérant que les attaques pourraient être liées à du racket" dans le cadre d'activités criminelles, dont la contrebande.
Le 16 mai, quatre personnes avaient également été tuées près de Liboi, située à environ 60 km de l'immense camp de réfugiés de Dadaab, quand leur véhicule avait heurté un engin piégé.
Plusieurs autres incidents avaient également été rapportés la semaine dernière à Mandera, où des shebab présumés avaient notamment attaqué un village, tuant un chef coutumier et kidnappant deux réservistes de police, selon la police locale.
Le gouvernement avait instauré en octobre 2016 un couvre-feu dans le comté de Mandera, qui a été renouvelé pour trois mois supplémentaires en avril. Ce couvre-feu et l'envoi de forces de sécurité supplémentaires avaient jusque-là permis de limiter les attaques de ce genre dans la région.
Les shebab ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
"Il y a de plus en plus de signalement d'activités par les shebab près de la frontière ces dernières semaines, les experts pensent que le groupe introduit clandestinement des hommes au Kenya", affirme Harun Maruf, journaliste à VOA.
Avec AFP