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Une année de crise dans le Pool


La rentrée scolaire dans le Pool, le 3 octobre 2016, au Congo-Brazzaville. (VOA/Ngouela Ngoussou)
La rentrée scolaire dans le Pool, le 3 octobre 2016, au Congo-Brazzaville. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Le 4 avril 2016, les quartiers de Bacongo et de Makelekele sont secoués par une longue nuit de tirs d’armes à l'annonce des résultats de l’élection présidentielle. Ces violences se poursuivent dans le Pool entre la force publique et les ninjas du pasteur Ntumi. Un an après, les civils continuent de fuir le Pool, et les acteurs politiques restent divisés.

Au lendemain de ces violents incidents du 4 avril 2016, les autorités avaient désigné le pasteur Ntumi, chef de la milice ninjas, comme instigateur.

Reportage de Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique
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Une année après, le ministre de la Justice et des droits humains, Pierre Mabiala n’a pas changé son discours. Pour lui, le pasteur Ntumi est responsable de tout ce qui est arrivé dans les quartiers sud de Brazzaville et, maintenant dans le Pool.

Si nos frères et sœurs épris de paix dans le Pool vivent dans le désastre, c’est à cause de Ntumi".
Pierre Mabiala, ministre de la Justice

"Si nos frères et sœurs épris de paix dans le Pool vivent dans le désastre, c’est à cause de Ntumi", rappelle le ministre Mabiala au cours d’une réunion avec les responsables des ONG.

A Brazzaville, le siège de la commune de Makélékélé porte toujours les stigmates de ces violences, car le bâtiment avait été incendié.

Certains commissariats de police à Bacongo et à Makélékéle ont aussi été brûlés et saccagés.

La mairie de Bacongo, au sud de Brazzaville, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
La mairie de Bacongo, au sud de Brazzaville, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"Ils ne sont toujours pas réhabilités, il faut de l’argent. C’est pourquoi je dis à mes frères du Pool de ne jamais casser ce qui est déjà construit, cela retarde le développement du pays", affirme Didier Clotaire Boutsindi, membre de la majorité présidentielle.

Il appelle d’ailleurs le pasteur Ntumi à sortir du bois pour venir s’expliquer devant la justice.

Didier Boutsindi, de la Majorité présidentielle, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Didier Boutsindi, de la Majorité présidentielle, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"S’il ne se reproche de rien, qu’il vienne parler devant le procureur de la République. S’il a peur pour sa sécurité, qu’il demande la couverture des hommes d’église ou de la Croix-Rouge", ajoute-t-il, en appelant au retour de la paix dans le Pool, car il est pressenti comme candidat de sa plateforme politique dans le district de Goma Tsé-Tsé dans le Pool.

L’opposant Paul Marie Mpouele avait tenté un rapprochement entre la force publique et les ninjas du pasteur Ntumi. Mais cette expérience s’est précipitamment avérée un échec.

L'opposant Paul Marie Mpouele avait tenté une médiation dans le Pool, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
L'opposant Paul Marie Mpouele avait tenté une médiation dans le Pool, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Tirant les leçons de sa médiation avortée, Paul-Marie Mpouele, aujourd’hui à la tête de la plateforme Rassemblement de l’opposition congolaise (ROC), estime que seul le dialogue mettrait fin aux violences dans le Pool.

"On ne demande pas au gouvernement de négocier comme en 1999 ou en 2003, mais de donner à monsieur Ntumi le droit de s’expliquer. L’opinion jugera ensuite. L’armée n’arrive pas à résoudre cette crise, et les élections approchent. Qu’est-ce qui va se passer?", s’interroge l’opposant.

Dans le Pool, les villages continuent de se vider, les populations rejoignent les villes plus sures comme Brazzaville.

Gaspard Mienantima, responsable de l'association qui recense les sinistrés du Pool, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Gaspard Mienantima, responsable de l'association qui recense les sinistrés du Pool, au Congo, le 3 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"Mais ces gens ne fuient pas pour le plaisir. Pourquoi le gouvernement n’intervient pas aussitôt pour arrêter le cri de détresse de sa population. Nous sommes étonnés et on se demande bien si ce n’est pas une punition pour les gens du Pool", commente Gaspard Mienantima, responsable d’une association qui recense les sinistrés du Pool dans les quartiers de Madibou et Makélékélé. Il craint que ces listes ne dépassent les 2.000 individus.

Une année après ces violences du 4 avril, militaires et policiers poursuivent leur chasse contre Ntumi et ses hommes, les autorités ayant refusé toute négociation avec celui qu’elles qualifient de terroriste.

Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville

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