Probable réplique à une opération antijihadiste en mai dans le secteur, l'attaque qui a visé un "poste mixte Armées-Gendarmerie", à Kafolo, a fait "une dizaine de morts, 6 blessés, un assaillant neutralisé (tué)", selon le bilan provisoire donné dans un communiqué par le général Lassina Doumbia, chef d'état-major des armées.
"Les enquêtes sont en cours pour déterminer la nature, les circonstances et le bilan définitif de cette attaque. Dans l'intervalle, des mesures urgentes ont été prises dans la zone, notamment la mise en alerte de toutes les troupes ainsi que le ratissage, en vue de retrouver les assaillants", selon l'état-major.
Une source sécuritaire ivoirienne a fait état de "12 morts, dont 11 militaires et un gendarme" et de "6 blessés et 2 disparus" avec un assaillant tué et un blessé.
Une autre source ivoirienne a évoqué "9 morts" alors que de son côté, une source burkinabé a fait état de "10 militaires et un gendarme tué, et de deux autres portés disparus", ainsi que "d'un assaillant neutralisé".
"Il y a eu des tirs de fusil vers le fleuve. On a entendu des bruits de voitures de militaires qui traversent en vitesse le village. On a peur. Les tirs de fusil durent depuis tôt ce matin. Et ça continue encore", a affirmé au téléphone un habitant de Kafolo sous couvert de l'anonymat.
"On est cachés dans les maisons avec nos familles. Les militaires nous ont interdit de sortir. Tout est fermé", a-t-il ajouté soulignant que les habitants sont habituellement dans les champs pour la culture du coton et de l'arachide dans cette zone aride.
Selon une source burkinabè, l'attaque a été "menée vers 03H00 du matin (locales et GMT) par plusieurs dizaines d'individus armés, certainement des éléments du JNIM" (acronyme arabe du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda) présents dans la zone.
- "Coup dans la fourmilière" -
C'est la première attaque jihadiste sur le sol ivoirien depuis l'attentat de Grand Bassam en 2016 (19 morts) qui avait ciblé des terrasses d'hôtels de la station balnéaire.
Cette fois-ci, le modus operandi est totalement différent : il s'agit d'une attaque contre un poste armée-gendarmerie située à la frontière et non contre des civils.
L'attaque s'est produite dans "la même zone que l'opération antijihadiste" menée conjointement par les armées ivoirienne et burkinabè en mai, a souligné une source de sécurité ivoirienne.
Baptisée "Comoé", cette opération avait conduit à la mort de huit jihadistes présumés, l'arrestation de 38 suspects et la destruction d'une base, sans perte pour les forces des deux pays, selon l'armée ivoirienne.
Selon plusieurs sources sécuritaires, l'attaque est "certainement une réponse" à cette opération qui a privé les "éléments (jihadistes) opérant au Burkina de zone de repli". "Il y a eu un coup de pied dans la fourmilière. Jusqu'ici, ils étaient tranquilles dans cette zone", a affirmé une de ces sources.
La présence de jihadistes au nord du parc national de la Comoé avait été repérée depuis plus d'un an. Selon des sources sécuritaires, il s'agissait de combattants opérant au Burkina, qui venaient chercher refuge du côté ivoirien.
Plusieurs attaques jihadistes avaient eu lieu près de la frontière, côté burkinabè, mais encore jamais côté ivoirien.
Le Burkina voisin est aspiré par la spirale jihadiste avec des attaques de plus en plus nombreuses et meurtrières que l'armée ou les politiques semblent incapables d'enrayer. Plus de 1.000 personnes ont été tuées dans ces attaques depuis 2015.
Cette attaque en Côte d'Ivoire, où doit se tenir une présidentielle en octobre, illustre de nouveau une poussée de la menace jihadiste vers les pays du golfe de Guinée, après le Sahel.
Deux Français avaient été enlevés dans le nord du Bénin en mai 2019 alors que les zones du nord du Ghana et du Togo sont sous haute surveillance.
La zone frontalière ainsi que la zone nord-est de la Côte d'Ivoire sont déconseillées aux voyageurs par le ministère français des Affaires étrangères depuis 2019.