Une perquisition au siège du groupe industriel français Bolloré, en banlieue parisienne, a été effectuée vendredi dans une enquête sur les conditions d'octroi des concessions des ports de Conakry (Guinée) et de Lomé (Togo), ont indiqué mardi des sources policières.
Les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ont perquisitionné les bureaux du PDG Vincent Bolloré, du directeur général et du directeur juridique du groupe, ont expliqué ces sources, confirmant une information du quotidien Le Monde.
Cette perquisition à la tour Bolloré à Puteaux, siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, était menée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en novembre 2013 par le parquet national financier portant notamment sur des soupçons de "corruption d'agent public étranger".
"Les policiers se demandent si le groupe du milliardaire a utilisé son bras publicitaire Havas pour faciliter l'obtention de la gestion des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo", affirme le Monde.
"Lors de cette perquisition, il nous a été demandé des documents sur des concessions portuaires en Afrique et nous les avons remis", a indiqué Me Olivier Baratelli, avocat du groupe Bolloré, joint par l'AFP.
"Le groupe n'est nullement partie ou impliqué dans cette information judiciaire", a-t-il affirmé.
C'est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de l'industriel Vincent Bolloré.
Selon le Monde, Francis Perez compte parmi ses relations Jean-Philippe Dorent, cadre dirigeant de la société de communication Havas (détenue à 60% par Bolloré), qui s'est "notamment occupé en 2010 de la campagne présidentielle guinéenne du candidat Alpha Condé".
"De là à faire une corrélation avec le groupe Bolloré (et l'obtention de concessions, ndlr), ce n'est pas crédible", "cela relève du fantasme", a argué Me Baratelli. "Une concession, c'est sérieux, il faut un savoir-faire industriel, une surface financière, de la technicité", a-t-il défendu.
Dans un communiqué, le groupe Bolloré affirme qu'en matière d'activités portuaires, "il s'agit d'investissements considérables (...) pour lesquels ils sont sélectionnés, exclusivement, en fonction du montant et des qualités techniques des investissements".
Le président de la République de Guinée, Alpha Condé, élu en novembre 2010, avait résilié en mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma, une filiale de l'armateur NCT Necotrans.
Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux. Le groupe Bolloré avait été condamné en 2013 par le tribunal de commerce de Nanterre (banlieue parisienne) à verser plus de 2 millions d'euros à NCT Necotrans.
Sollicité par l'AFP, le groupe Bolloré a indiqué avoir "cessé toute communication politique depuis 2011".
De plus, toujours selon Le Monde, Jean-Philippe Dorent s'est également chargé d'une partie de la communication du jeune président togolais Faure Gnassingbé, fils de Gnassingbé Eyadema.
En 2010, année de la réélection de M. Gnassingbé, le groupe Bolloré remportait la concession du terminal à conteneurs du port de Lomé pour une durée de 35 ans. Une décision elle aussi contestée par un concurrent.
Avec AFP