"Une mission d'experts de l'ONU va aider (...) Elle devait arriver aujourd'hui (mercredi)", a affirmé le ministre de la Communication Bruno Koné lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil des ministres.
"Le dossier est chez le procureur, c'est la justice qui gère", a-t-il ajouté, refusant de commenter l'affaire.
L'enquête contre Souleymane Kamagaté, dit "Soul to Soul", chef du protocole de Guillaume Soro, a été ouverte après la découverte le 15 mai, pendant les mutineries qui ont secoué le pays, d'une cache d'armes dans un logement donné pour être sa propriété à Bouaké (deuxième ville du pays, nord).
"Il a répondu qu'il n'était ni l'acquéreur ni le propriétaire de ces armes", avait alors expliqué Moussa Touré, directeur de la Communication à l'Assemblée nationale.
Les médias présents à Bouaké ont rapporté avoir vu des caisses d'armes retrouvées sur les lieux.
Des mutins avaient exhibé devant des journalistes de l'AFP de nombreuses armes provenant de cette cache. Les armes neuves --notamment des kalachnikov, des munitions et des lance-roquettes-- étaient emballées dans des sacs en plastique transparents. Un des mutins avait confié à l'AFP que les armes provenaient de la propriété de "Soul to Soul" et que cette cache était connue de "plein de gens".
L'exhibition de ces armes par les mutins a convaincu, selon plusieurs sources, les autorités de ne pas tenter de réduire militairement les mutins.
Certains médias ont accusé Guillaume Soro de vouloir déstabiliser avec ces armes le président Alassane Ouattara afin de renforcer sa position en vue de la présidentielle de 2020, dont il est un des favoris même s'il refuse pour le moment de se dire candidat.
Ancien chef de la rébellion de 2002-2011, dont Bouaké était le fief, Guillaume Soro a confié à Jeune Afrique de cette semaine : "J'ai assumé (la tête) de la rébellion des Forces nouvelles. Ce n'est donc pas pour une cache d'armes que je me serais défilé. Acceptez que je ne m'étende pas au nom du devoir de réserve".
"La personne mise en cause (Souleymane Kamagaté)est l'un de mes plus proches collaborateurs et je lui ai demandé de faciliter autant que possible le travail des enquêteurs", a-t-il assuré.
De source proche du dossier, l'enquête devra surtout déterminer si ces armes proviennent des stocks achetés pour la rébellion et la défense du président Ouattara lors de la crise ou si elles ont été acquises plus récemment. Dans ce dernier cas, ce serait un casus belli entre le président Ouattara et M. Soro.
"Depuis 2002, à chaque fois que le pays traverse des difficultés, les gens prétendent que ma relation avec le président Ouattara (élu en 2010) en pâtit. Pourtant elle demeure bonne (...) Je suis habitué aux procès en sorcellerie. L'essentiel pour moi est d'entretenir la confiance qui existe entre le chef de l'Etat et moi-même", a assuré M. Soro à Jeune Afrique.
Les mutineries de la mi-mai, qui ont paralysé les activités de différentes villes pendant plusieurs jours, ont fait au total quatre morts et neuf blessés, selon le bilan du gouvernement. Un accord a permis de mettre fin au mouvement.
Avec AFP