Le nouveau texte adopté en commission la semaine dernière prévoit qu'"est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans (...) quiconque par voie de presse incite à la xénophobie, à la rébellion ou porte atteinte à l'intégrité du territoire national".
La condamnation de l'auteur de l'infraction peut en outre entrainer "la suspension du journal de 3 à 24 parutions pour les quotidiens, deux à huit parutions (hebdomadaires),une à trois parutions( mensuels) etc..."
Une dizaine d'organisations professionnelles, dont l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), ont marqué "leur ferme opposition" au texte, dénonçant une "loi liberticide, plus répressive et totalement aux antipodes de la modernité".
"Cette loi remet du coup outrageusement en cause la dépénalisation des délits de presse acquise au bout de plus de 30 ans de lutte", ont souligné ces organisations, dans un communiqué commun.
"Nous dénonçons aussi l'article 99 de la loi qui dit qu'un journaliste peut être accusé de diffamation si les faits dont il parle, mêmes vrais, se rapportent à la vie privée, à une affaire vieille de plus de dix ans ou est relatif à un fait amnistié. C'est un non sens", a réagi Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI).
La coalition soutenant le président Alassane Ouattara est majoritaire au parlement, détenant plus des trois quarts des 255 sièges et les lois adoptées en commission sont, sauf énorme surprise, votées ensuite à l'Assemblée.
La loi actuellement en vigueur ne pénalisait pas les délits de presse mais renvoyait toutefois au code pénal pour certaines infractions. Les organisations professionnelles militaient pour une dépénalisation totale.
Six journalistes ivoiriens avaient été incarcérés pendant 72 heures le 14 février à Abidjan et inculpés de "divulgations de fausses nouvelles" et "d'atteintes à la sureté de l'Etat" pour leur couverture d'une mutinerie de soldats des Forces spéciales qui réclamaient des primes.
La presse ivoirienne est connue pour ses partis pris politiques très marqués et sa virulence, même si sa diffusion est limitée.
Avec AFP