Ils avaient reçu l'autorisation pour un cortège de 400 personnes mais seule une vingtaine de suprémacistes blancs sont arrivés dans l'après-midi au square Lafayette, après avoir marché depuis une station de métro du centre de Washington.
Parmi eux figuraient Jason Kessler, organisateur de l'événement et déjà à l'origine du rassemblement de l'an dernier à Charlottesville.
Les manifestants ont été accueillis par au moins 300 militants antiracistes qui leur ont crié "Honte à vous" et "Partez de ma ville".
La ville de Washington avait accordéà l'organisation informelle "Unite the Right", à l'origine du rassemblement de Charlottesville (Virginie) en 2017, un créneau de 17h30 à 19h30, mais le groupe de manifestants a quitté les lieux aux environs de 18h00.
Pour empêcher tout contact entre manifestants et contre-manifestants, un important dispositif policier avait été mis en place, avec plusieurs artères interdites à la circulation.
Après le départ des sympathisants d'extrême droite, la police a eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser une partie des militants "antifa", qui ont fini par quitter les lieux.
"Non aux nazis"
"Antifa", militants du mouvement "Black Lives Matter" (contre les violences visant les noirs) ou simples citoyens venus exprimer leur rejet des néonazis, ils étaient des centaines dans le centre de Washington dimanche.
Certains avaient commencé à se rassembler dès le début d'après-midi, brandissant notamment des pancartes disant "Non aux nazis, non au Ku Klux Klan, non à une Amérique fasciste".
Certains "disent que la meilleure stratégie, c'est d'ignorer les suprémacistes blancs, que nous leur accordons trop d'attention. Mais nous pensons vraiment que ce serait une énorme erreur de laisser des fascistes battre le pavé dans la capitale du pays, sans opposition", a dit à l'AFP Kei Pritsker, 22 ans, une volontaire de Answer Coalition, un groupe antiraciste.
Un autre contre-manifestant, un Américain noir qui a seulement donné son prénom --Jim-- a dit avoir le sentiment que les Etats-Unis étaient plus racistes sous Donald Trump.
"Ça a enhardi les mecs blancs. Quand ils marchent sur le trottoir, leur position c'est +tu as intérêt à bouger de mon chemin+", a-t-il dit à l'AFP. "C'était subtil, ça ne l'est plus, tu le prends en pleine face. C'est comme l'Allemagne nazie".
Unite the Right avait conseillé à ses partisans de ne ramener que des drapeaux américains ou confédérés, et de ne pas répondre "avec colère" aux "provocations".
Les armes à feu avaient été interdites sur les lieux de la manifestation, même pour les personnes ayant des permis.
Après le rassemblement, de nombreux internautes sympathisants d'extrême droite se sont moqués de Jason Kessler et ont questionné sa légitimité sur le réseau social Gab, réputé terrain d'expression de l'"alt-right", la droite dure américaine.
Blancs s'estimant "sous-représentés"
Initiateur de la manifestation de l'an dernier, Kessler avait demandé de défiler de nouveau à Charlottesville, mais la municipalité a refusé.
La petite cité de Virginie, située à moins de 200 km au sud de Washington, ne voulait pas revivre les évènements du 12 août 2017.
Après une manifestation pour protester contre le projet de la municipalité de déboulonner une statue du général confédéré Robert E. Lee, des heurts avaient éclaté entre suprémacistes blancs et contre-manifestants.
Un sympathisant néonazi avait alors foncé en voiture dans une foule de manifestants antiracistes, tuant une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, et faisant 19 blessés.
Dans un entretien à la radio publique NPR diffusé vendredi, Jason Kessler avait exprimé le souhait que l'événement de dimanche soit "apaisé" et pris publiquement ses distances avec la mouvance néonazie.
"Je ne veux pas de néonazis à mon rassemblement", avait-il assuré, "ils ne sont pas les bienvenus".
Il a néanmoins expliqué vouloir défendre les droits de la population blanche, qu'il estime "sous-représentée".
L'activiste a également repris à son compte la théorie générale de l'auteur américain Charles Murray, pour qui les capacités intellectuelles sont fonction de l'origine ethnique.
La fille du président, Ivanka Trump, a de son côté écrit sur Twitter qu'il n'y avait "pas de place pour le suprémacisme blanc, le racisme et le néonazisme dans notre grand pays".
Elle est ainsi allée plus loin que son père, qui avait dit samedi "condamner tous les types de racisme et actes de violence". Ses détracteurs lui ont reproché de n'avoir pas spécifiquement désigné l'extrême droite ou les néonazis.
De nombreux observateurs accusent Donald Trump d'avoir favorisé, durant sa campagne et depuis sa victoire électorale, l'émergence d'un discours extrémiste pro-blanc décomplexé.
A Charlottesville, les autorités avaient pris, ce week-end, d'importantes mesures de sécurité, après avoir été débordées lors des heurts du 12 août 2017, mais aucun incident n'a été relevé.
Avec AFP