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Une vidéo relance la polémique sur l’avortement aux Etats-Unis


Des manifestants anti-avortement protestent à l'extérieur de la Cour suprême à Washington, 30 juin 2014.
Des manifestants anti-avortement protestent à l'extérieur de la Cour suprême à Washington, 30 juin 2014.

La vidéo secrètement filmée par des militants anti-avortement, montre des responsables de la plus grande organisation américaine de planning familial discutant du transfert tarifé de fœtus pour la recherche

Les vidéos ont scandalisé les conservateurs, déclenchant un nouvel assaut contre une organisation emblématique du droit à l'avortement.

"Beaucoup de gens veulent des cœurs intacts"... "Toujours le plus de foies intacts possible".. En picorant dans une salade et buvant un verre de vin rouge, le docteur Deborah Nucatola, directrice des services médicaux de l'organisation ombrelle Planned Parenthood, discute de la demande scientifique pour les tissus fœtaux, et des techniques d'avortement permettant de préserver tel ou tel organe.

"Probablement entre 30 et 100 dollars", répond-elle aussi, quand on lui demande le tarif par spécimen.

La vidéo, diffusée le 14 juillet par le Center for Medical Progress et suivie de plusieurs autres, est l'oeuvre de David Daleiden, un militant anti-avortement qui se décrit comme un journaliste d'investigation, et qui sous une fausse identité a consacré deux ans et demi à infiltrer le milieu pour tenter de prouver que Planned Parenthood faisait le commerce de "bébés morts", ce qui est illégal.

Son enquête a fait l'effet d'une bombe chez les conservateurs, au Congrès, et dans la campagne présidentielle, les ennemis historiques de Planning Parenthood sautant sur l'occasion pour sonner l'hallali.

Planned Parenthood opère 700 cliniques aux Etats-Unis, où se rendent 2,7 millions de patients par an pour une multitude de services médicaux: contraception, dépistage de maladies sexuellement transmissibles, du cancer du sein... mais ce sont les procédures d'avortement qui font de l'organisation une bête noire de la droite religieuse. Le tiers environ du million d'avortements réalisés chaque année aux Etats-Unis le sont dans une clinique du réseau.

Les financements publics représentaient l'an dernier 40% du budget de Planned Parenthood (528 millions sur 1,3 milliard de dollars). Selon une loi ancienne, les fonds fédéraux ne peuvent pas être utilisés pour des avortements, sauf en cas de viol, inceste ou danger pour la vie de la mère. Cette distinction, pour les républicains, est illusoire, et ils vont tenter au Congrès de couper entièrement les fonds à Planned Parenthood.

A la peine dans les primaires présidentielles, le sénateur Rand Paul a déposé une loi supprimant les crédits à l'organisation, sur laquelle le Sénat votera lundi.

David Daleiden et des acolytes se faisaient passer pour des employés d'une fausse société, Biomax Procurement Services, cherchant à s'installer sur le marché des intermédiaires entre la recherche médicale et les cliniques d'avortement.

Les organes et tissus foetaux sont très demandés par les chercheurs, et les dons ne se font qu'avec le consentement écrit des patientes; leur vente est interdite, mais un dédommagement pour les frais encourus (administratif, transport...) est autorisé, et c'est ce dont le docteur parlait. Mais la nonchalance des médecins, accentuée par un montage sélectif, a gêné même à gauche.

"Les accusations selon lesquelles Planned Parenthood réalise des bénéfices sur des dons de tissus ne sont pas vraies", a martelé la présidente de Planned Parenthood, Cecil Richards, qui a aussi présenté ses excuses pour "le ton et les déclarations" de la responsable filmée.

Reste que l'assaut prend de l'ampleur. Les gouverneurs républicains de Floride et du Texas ont lancé des enquêtes, de même que deux commissions du Congrès. Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a dit que les vidéos lui donnaient envie de vomir. Et les candidats aux primaires présidentielles républicaines n'ont pas de mots assez durs contre une organisation qu'ils jugent criminelle.

L'administration Obama "ne fait rien contre une organisation qui découpe et vend des morceaux de corps de bébés morts", a accusé Rick Perry, ex-gouverneur du Texas.

Les démocrates, pris de court, organisent maintenant la résistance. D'abord "troublée" par la vidéo, Hillary Clinton a pris fait et cause pour Planned Parenthood, jeudi sur Twitter.

La Maison Blanche a menacé vendredi de son veto la loi du sénateur Rand Paul.

Mais l'affaire a dopé le mouvement anti-avortement, qui mène une guerre méthodique au niveau des Etats pour multiplier les restrictions réglementaires sur les cliniques d'avortement -- et croit possible un renversement de la décision de 1973 de la Cour suprême qui avait légalisé l'avortement dans tous les Etats-Unis.

Avec AFP

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