Lors d'un entretien mardi à Washington, M. Trump et l'influent vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se sont engagés à "un partenariat stratégique solide, large et durable basé sur un intérêt et un engagement communs pour la stabilité et la prospérité du Moyen-Orient", a indiqué la Maison blanche.
Le prince Mohammed, 31 ans, est le premier dirigeant du Golfe à être reçu par le nouveau président américain. Dans le même temps, son père, le roi Salmane, poursuit en Chine, deuxième puissance économique mondiale et rivale des Etats-Unis, une tournée asiatique qui l'a conduit au Japon, en Malaisie et en Indonésie.
Cette offensive de charme menée tous azimuts par l'Arabie saoudite fait suite à une détérioration, sous l'administration de Barack Obama, des rapports entre Ryad et Washington, son allié traditionnel depuis plus de sept décennies.
M. Trump, dont l'élection avait été bien accueillie à Ryad, voit dans le royaume un partenaire essentiel pour la sécurité et l'investissement, selon des analystes.
"(Il) reconnait que le leadership saoudien est le canal principal vers le monde musulman", souligne Salmane al-Ansari, président du Saudi American Public Relation Affairs Committee (SAPRAC).
Le chaleureux accueil réservé au prince Mohammed confirme que l'Arabie saoudite demeure, pour l'administration Trump, un facteur essentiel pour "la stabilité et la sécurité du Moyen-Orient et pour une prospérité économique mutuelle", précise-t-il à l'AFP.
Selon Anwar Eshki, chef du Middle East Center for Strategic and Legal Studies à Jeddah (ouest), M. Trump a invité le prince Mohammed pour se concerter sur "un plan pour le Moyen-Orient".
Ce plan vise à contrer l'Iran chiite, rival régional du royaume sunnite, et le groupe jihadiste Etat islamique (EI), précise ce général saoudien à la retraite, qui a visité Israël l'an dernier.
Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a qualifié l'Iran de "plus grand Etat soutenant le terrorisme" et principale source de déstabilisation du Moyen-Orient.
M. Trump avait promis durant sa campagne électorale de "déchirer" l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015. Mais il a convenu avec le prince Mohammed, selon la Maison blanche, de "l'importance d'affronter les activités déstabilisatrices de l'Iran dans la région, tout en continuant à évaluer et (à veiller) à la stricte application" de cet accord.
- 'remise à niveau' -
Ryad accuse régulièrement Téhéran d'ingérence dans les affaires régionales, notamment en Syrie où l'Iran soutient le régime de Bachar al-Assad, et au Yémen où la République islamique appuie les rebelles chiites Houthis combattus par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite.
Les Etats-Unis fournissent des armes et apportent un soutien en ravitaillement et en renseignement à cette coalition, bien que l'administration Obama ait bloqué en décembre la vente à Ryad de munitions à guidage de précision en raison du grand nombre de victimes civiles au Yémen.
La rencontre entre M. Trump et le prince Mohammed a permis "le dialogue" et l'amorce d'une relation personnelle pour établir un partenariat de travail entre les deux pays, souligne Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies à Washington. Mais il est trop tôt, selon lui, pour savoir "s'il y aura des suites pratiques" pour contenir l'Iran et améliorer la lutte antiterroriste.
Second dans l'ordre de succession au trône, le prince Mohammed, également ministre de la Défense, est perçu comme l'homme fort du royaume. Il est l'artisan d'un vaste chantier de réformes appelé "Vision 2030" afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole.
Les deux dirigeants ont souligné "leur détermination à renforcer la coopération" économique et énergétique, a indiqué la Maison blanche. Notamment avec un programme mixte de projets nécessitant des investissements de "plus de 200 milliards de dollars (...) durant les prochaines quatre années".
Les relations sont, selon M. Ansari, en passe de connaître "une remise à niveau" d'autant que Ryad n'a pas critiqué le décret migratoire de M. Trump, dont la deuxième version a été bloquée mercredi par un juge.
"Chaque pays a le droit de sécuriser ses frontières", a renchéri jeudi Faisal Abbas, rédacteur en chef du quotidien saoudien Arab News.
Avec AFP