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Les lycéens de Floride accroissent la pression sur Trump


Les élèves qui ont survécu à la fusillade du lycée Marjory Stoneman Douglas écoutent les survivants de la fusillade du Pulse, dans un autobus à Parkland, Floride, 20 février 2018.
Les élèves qui ont survécu à la fusillade du lycée Marjory Stoneman Douglas écoutent les survivants de la fusillade du Pulse, dans un autobus à Parkland, Floride, 20 février 2018.

"Plus jamais ça": fédérés par ce mot d'ordre répercuté sur les réseaux sociaux, les jeunes de Parkland ont investi mercredi la petite capitale de la Floride, Tallahassee, pour tenter d'arracher un durcissement de la législation sur les armes aux Etats-Unis, après la tuerie qui a fait 17 morts dans leur lycée.

"Que ces vies puissent être volées sans changement serait un acte de trahison à l'égard de notre grand pays", a déclaré Lorenzo Prado, un des nombreux orateurs juvéniles à lancer des appels poignants au micro alors que des centaines de jeunes étaient rassemblés dans la ville.

Nikolas Cruz, l'auteur du massacre mercredi dernier au lycée Marjory Stoneman Douglas, "a pu acheter un fusil avant d'avoir le droit de boire de la bière. Nikolas Cruz a pu acheter un fusil d'assaut tout en présentant des signes évidents de maladie mentale. Il a pu acheter un fusil d'assaut après des actes de délinquance", a rappelé l'étudiant.

Les lycéens de Parkland sont arrivés en autobus, auréolés d'un premier succès. Le président Donald Trump, pourtant farouche partisan du droit constitutionnel à porter des armes, a fait quelques concessions face à l'émotion dans le pays et à l'effet médiatique de leur mobilisation.

M. Trump a demandé mardi à son administration de prendre des mesures pour interdire la vente de dispositifs permettant de transformer des fusils semi-automatiques en mitraillettes.

>> Lire aussi : Trump bouge un peu sur les armes à feu

Ces "bump stocks" sont des systèmes amovibles fixés à la crosse d'un fusil et qui avaient été utilisés par le tueur de Las Vegas. Cinquante-huit personnes ont péri le 1er octobre 2017.

Portant le sweat-shirt de son école, Rachel Catania assurait mercredi sur CNN que le mouvement était solide.

"Cela ne va pas faiblir, pas cette fois. Il va y avoir un changement", a-t-elle dit. Des milliers de jeunes américains voulaient également y croire, répercutant sur leurs smartphones les hashtags #NeverAgain, #EnoughIsEnough, ou #March4OurLives.

"J'ai décidé de parler car nous sommes des adolescents", a de son côté lancé Delaney Tarr, une élève de Parkland. "Parce que laisser parler notre coeur est ce que nous savons faire le mieux. Ce mouvement créé par des élèves est fondé sur l'émotion. Il repose sur notre passion et notre douleur".

Les lycéens prévoient un grand rassemblement le 24 mars à Washington, la capitale fédérale où une manifestation spontanée était en cours mercredi en fin de matinée devant la Maison Blanche. Et des actions de solidarité doivent avoir lieu devant certains établissements scolaires dans la journée à travers les Etats-Unis.

- Trump se dit 'ému'-

Le président a aussi intimé aux démocrates et aux républicains de s'entendre pour "renforcer la vérification des antécédents" des acheteurs d'armes. Il y a actuellement d'énormes lacunes dans la règlementation et il s'agit d'éviter que des armes ne tombent entre les mains de criminels ou de déficients mentaux.

"Nous travaillons dur pour tirer les conséquences de ces événements", a confié M. Trump, se disant "ému" par les récits de la tuerie.

Ces évolutions potentielles de la règlementation sont très modestes à l'échelle d'un pays où environ 300 millions d'armes à feu sont disséminées dans la population.

Mais elles témoignent d'une inflexion pour un président qui a juré fidélité à la National Rifle Association (NRA), le très puissant lobby des armes aux Etats-Unis, qui lui a fait don de 30 millions de dollars pour sa campagne présidentielle.

La fusillade de Parkland est la pire dans un établissement scolaire aux Etats-Unis depuis la tuerie de Sandy Hook, qui a fait 26 morts fin 2012.

Mais la multiplication de ces drames ces dernières années n'a jusqu'ici amené aucun aménagement de la législation.

Le président américain devait recevoir mercredi après-midi des familles de victimes de ce type de fusillades ainsi que des lycéens.

Ceux du lycée de Parkland ont déjà passé plusieurs heures à discuter avec les parlementaires de Floride, l'un des Etats américains les plus laxistes sur les armes à feu.

Signe des résistances face à toute évolution dans les milieux politiques, la Chambre des représentants de Floride a rejeté mardi la possibilité d'interdire les fusils d'assaut et les chargeurs à grande capacité.

Pourtant, selon un sondage, deux tiers des Américains soutiennent un renforcement des contrôles sur les ventes d'armes.

Les lycéens de Stoneman Douglas devaient rencontrer mercredi plusieurs élus de Floride avec, en point d'orgue, une réunion publique dans la soirée organisée par CNN et diffusée en direct.

Ils doivent notamment y retrouver une représentante de la NRA, Dana Loesch, militante médiatique de la cause des armes à feu.

Ce groupe de jeunes gens, qui vient d'acquérir une soudaine notoriété, est aussi confronté à des théories conspirationnistes, notamment sur les réseaux sociaux.

Le collaborateur d'un élu de Floride a dû quitter son emploi après avoir qualifié certains d'entre eux de comédiens, relayant ainsi certaines de ces théories.

"Affirmer que certains de ces étudiants (...) sont des acteurs est écoeurant et c'est l'oeuvre d'un groupe d'imbéciles dénué de toute décence", a réagi le sénateur républicain Marco Rubio, pourtant l'une de leurs cibles.

Avec AFP

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