Chargée de trancher sur des dossiers ultra-sensibles comme l'avortement ou le port d'armes, la plus haute instance judiciaire des Etats-Unis fonctionne depuis près d'un an avec quatre juges conservateurs et quatre magistrats progressistes. Une égalité théorique qui menace de blocage toute les grandes décisions depuis le décès en février 2016 du neuvième juge, le conservateur Antonin Scalia.
Le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, avait proposé le magistrat Merrick Garland dès mars dernier pour le remplacer mais le Sénat, dominé par les républicains, a refusé non seulement de l'adouber mais même de l'auditionner.
"Je prendrai ma décision cette semaine, nous l'annoncerons la semaine prochaine", a déclaré mardi Donald Trump, au pouvoir depuis le 20 janvier. "Nous avons des candidats exceptionnels et nous choisirons un juge de la Cour suprême vraiment extraordinaire", a-t-il assuré aux journalistes réunis dans le Bureau ovale.
Avortement, mariage homosexuel, port d'armes à feu... La Cour suprême est appelée aux Etats-Unis à trancher sur des dossiers idéologiquement très sensibles. Ses juges sont nommés à vie par le président. Ils doivent être confirmés par un vote du Sénat.
Peu après sa victoire le 8 novembre, Donald Trump avait déclaré qu'il comptait nommer un juge,- ou des juges en cas de décès ou départ à la retraite d'un autre magistrat -, anti-avortement et favorable au port d'armes.
"Je suis pro-life (anti-avortement) et les juges seront pro-life", avait-il dit sur la chaîne CBS. "Ils vont être très favorables au Deuxième amendement" de la Constitution, qui fait du port d'armes un droit pour chaque citoyen américain, avait-il promis.
Le nouveau président républicain a récemment indiqué qu'il disposait d'une liste de 20 candidats possibles. Pendant la campagne, en mai, il avait publié une première liste de 11 candidats potentiels, tous blancs et conservateurs. Trois seulement étaient des femmes.
Parmi eux figuraient Don Willett, un Texan siégeant à la Cour suprême de cet Etat républicain et se présentant sur son compte Twitter comme un ancien cavalier de rodéo. Pleins d'humour, ses tweets n'épargnent pas Donald Trump, cible de plusieurs plaisanteries et incluent aussi une photo de cible perforée, témoignant de ses "cartons" au stand de tir.
Un autre candidat retenu, William Pryor, est un juge fédéral catholique qui a taxé la loi autorisant l'avortement de "pire abomination de l'histoire du droit".
Egalement présélectionnée en mai, la juge Diane Sykes a fait parler d'elle en infirmant un jugement restreignant les stands de tirs dans Chicago intra-muros.
Cette liste, composée de juges fédéraux et de juges siégeant dans les Cours suprêmes de plusieurs Etats américains, recoupait celle proposée en mars par un responsable de la Heritage Foundation, organisation conservatrice de Washington à qui Donald Trump avait quasiment délégué cette première sélection.
"Je serais étonné s'il se trouvait un seul démocrate prêt à qualifier l'une de ces 11 personnes de candidat de consensus", avait à l'époque réagi le porte-parole de la Maison Blanche de Barack Obama, Josh Earnest, affirmant qu'à l'inverse Merrick Garland avait été décrit ainsi par certains républicains.
Les autres noms choisis figurant sur la première liste diffusée par Donald Trump étaient: Steven Colloton, juge fédéral de l'Iowa; Thomas Lee, juge de la Cour suprême de l'Utah et frère du sénateur ultra-conservateur Mike Lee; Allison Eid, juge de la Cour suprême du Colorado; Raymond Gruender, juge fédéral du Missouri; Thomas Hardiman, juge fédéral de la Pennsylvanie; Raymond Kethledge, juge fédéral du Michigan; Joan Larsen, de la Cour suprême du Michigan; David Stras, de la Cour suprême du Minnesota.
Avec AFP