"Nous devons occuper l'hémicycle de la Chambre jusqu'à ce qu'on puisse agir", a déclaré John Lewis, élu noir de Géorgie et figure du mouvement des droits civiques dans les années 1960, avant de s'asseoir sur le sol moquetté de l'hémicycle des représentants, avec plusieurs de ses collègues.
Le geste est spectaculaire dans une institution généralement respectueuse du protocole.
"On doit parfois se mettre en travers du chemin. On doit faire du bruit en s'exprimant et en parlant fort contre l'injustice et l'inaction", a tweeté M. Lewis.
Le président Barack Obama a retweeté l'élu en le remerciant de "mener (ce mouvement) sur la violence des armes au moment où on en a le plus besoin".
Après la tuerie d'Orlando (Floride, sud-est), qui a fait 49 morts dans une boîte de nuit gay, les parlementaires démocrates ont déposé de multiples propositions de loi pour limiter l'accès aux armes à feu. Ils veulent par exemple généraliser les vérifications d'antécédents avant toute vente, ou interdire aux personnes figurant sur les listes de surveillance terroriste d'acquérir une arme.
Mais la majorité républicaine refuse ardemment toute remise en cause du droit de s'armer. Des propositions ont été rejetées lundi au Sénat, la chambre haute du Congrès.
Les démocrates sont déterminés à faire le plus de bruit possible pour faire des armes à feu un thème central de la campagne des élections présidentielle et législatives du 8 novembre.
Ils demandent aux chefs républicains d'annuler les congés de la fête nationale du 4 juillet alors que les parlementaires doivent quitter la capitale américaine dès jeudi soir.
"No bill, no break" (pas de texte de loi, pas de pause), ont scandé les élus qui se sont succédé à la tribune depuis 11H25 (15H25 GMT), parmi lesquels Elizabeth Warren, citée parmi les éventuels candidats à la vice-présidence d'Hillary Clinton.
Mme Warren, née un 22 juin, a confié qu'elle "ne passerait son anniversaire nulle part ailleurs que dans l'hémicycle avec" M. Lewis.
"Qui doit être touché par balles et combien doivent mourir avant que nous fassions quelque chose?" a demandé Robin Kelly, une élue de l'Illinois.
- En direct sur Periscope -
Nancy Pelosi, la chef de file des démocrates à la Chambre, a présidé une conférence de presse à l'extérieur du bâtiment. "Nous ne pouvons pas partir sans voter une loi de bon sens sur les armes", a-t-elle tweeté en s'adressant au président de la Chambre Paul Ryan.
Face à la rébellion, le président de séance républicain a déclaré une suspension de séance. Si bien que la chaîne parlementaire C-SPAN, qui ne retransmet que les séances, n'a pas pu filmer le sit-in.
Mais rompant de manière spectaculaire avec le protocole, C-SPAN a eu recours à plusieurs réseaux sociaux, une première dans l'histoire de la très institutionnelle chaîne de télévision.
"C-SPAN n'a pas le contrôle des caméras de la chambre. Elle utilise maintenant le @periscopeco de @RepScottPeters", un élu de la Chambre, a expliqué la chaîne sur Twitter. Pericospe est une application de Twitter qui permet de diffuser des vidéos en direct.
C-SPAN a aussi utilisé le service de vidéo en direct du compte Facebook d'un autre représentant, Beto O'Rourke.
"Notre mission c'est de couvrir le Congrès. Nous sommes une organisation de service public à but non lucratif. Nous ferons ce que nous pourrons pour montrer ce qui se passe au Congrès", a expliqué à l'AFP le directeur de communication de C-SPAN, Howard Mortman.
Sur les images un peu floues des élus apprentis vidéastes, on peut voir les démocrates s'exprimer à un pupitre dont le microphone a lui aussi été coupé.
"Si les lâches républicains qui contrôlent la Chambre allumaient les micros, on pourrait nous entendre un peu plus fort", s'y est indignée la présidente du parti démocrate Debbie Wasserman-Schultz.
Avec AFP