Les autorités philippines ont suspendu vendredi leur campagne publique de vaccination massive, la première du genre dans le monde, avant de suspendre lundi toute vente et distribution du Dengvaxia.
Le groupe français avait prévenu quelques jours auparavant que "davantage de cas sévères de dengue pourraient être observés en cas d'exposition au virus" après vaccination chez les personnes n'ayant jamais été infectées auparavant.
"Un jour ou l'autre, c'est ce qu'il va se passer", a déclaré Francisco Duque à la télévision ABS-CBN comme on lui demandait si le gouvernement devait poursuivre Sanofi en justice. "Parce qu'au bout du compte, c'est une cour de justice qui va se prononcer s'agissant de la responsabilité de Sanofi", a-t-il dit.
Dans une réaction rédigée en anglais transmise à l'AFP, Sanofi s'est déclaré "surpris par les déclarations du ministre de la Santé".
"Sanofi est une entreprise responsable qui a agi conformément aux lois philippines et aux réglementations liées à l'approvisionnement et à la vente du vaccin", souligne le groupe pharmaceutique français qui assure qu'il "continuera" de s'y conformer.
Le gouvernement de l'ancien président Benigno Aquino avait lancé le programme de vaccination en 2016 et les Philippines étaient devenues le premier pays à utiliser le Dengvaxia à une telle échelle.
Environ 830.000 écoliers ont reçu au moins une dose de vaccin, a ajouté M. Duque. Le gouvernement avait déclaré auparavant que plus de 733.000 personnes avaient été vaccinées.
L'annonce de Sanofi a soulevé beaucoup d'inquiétude aux Philippines où la maladie transmise par des moustiques est très répandue.
Sanofi avait cherché lundi à apaiser les craintes, soulignant que les éventuels "cas sévères" ne seraient pas mortels et que le vaccin ne déclencherait pas la maladie.
Jeudi, le ministre de la Santé a également accusé le groupe d'avoir émis des déclarations "confuses".
Le gouvernement pourrait lui demander le remboursement d'1,4 milliard de pesos (23,4 millions d'euros) de vaccins non utilisés et la mise en place "d'un fonds d'indemnisation" pour couvrir les coûts d'hospitalisation des enfants vaccinés durant la campagne publique qui tomberaient malades, a-t-il ajouté.
Celui-ci a aussi expliqué ce qu'il attendait d'un tribunal en cas de plainte: "S'il est établi que (Sanofi) n'a pas révélé des informations matérielles qui auraient changé l'issue de tous ces problèmes et la prise de décision du ministère de la Santé du gouvernement précédent, alors ils seront juridiquement responsables".
M. Duque a ajouté que le Congrès se pencherait sur la question la semaine prochaine.
Avec AFP