En chemise rouge, la couleur de son parti, Nicolas Maduro s'est d'abord rendu sur la tombe de son mentor, l'ex-président socialiste Hugo Chavez (1999-2013), avant de valider sa candidature au Conseil national électoral (CNE).
"Je suis plus que jamais prêt pour les batailles à venir. Je suis ici parce que je suis un président du peuple", a déclaré à ses soutiens Nicolas Maduro, élu en 2013, avant de danser le reggaeton sur scène avec son épouse.
"Je vais lancer une nouvelle économie qui satisfera les besoins du peuple", a-t-il promis sous les vivats de la foule scandant des "Vamos Nico".
Sans adversaire de poids face à lui, la réélection lui semble promise. Et ce malgré un taux d'impopularité de 75%, d'après le cabinet Datanalisis, en raison notamment de l'effondrement économique du pays pétrolier frappé par de graves pénuries de médicaments et d'aliments et par une hyperinflation.
La formation qui aurait pu être son plus farouche opposant, la MUD, la principale coalition d'opposition composée d'une vingtaine de partis, a exclu de participer au scrutin présidentiel en dénonçant un "simulacre d'élection".
"Ne comptez pas sur l'Unité démocratique ni sur le peuple pour valider ce qui, jusqu'à présent, n'est qu'un simulacre frauduleux et illégitime d'élection présidentielle", a annoncé la MUD dans un communiqué.
Le scrutin du 22 avril "n'est qu'un show du gouvernement pour simuler une légitimité dont il ne dispose pas, tandis que les Vénézuéliens souffrent et agonisent", a ajouté Angel Oropeza, le coordinateur de la MUD au cours d'une conférence de presse.
La MUD laisse cependant la porte ouverte à une participation si les conditions qu'elle pose venaient à être acceptées par le camp présidentiel.
Parmi les principales exigences figurent la présence d'observateurs internationaux "indépendants", la tenue du scrutin au "deuxième semestre 2018", la désignation d'un Conseil national électoral "équilibré ", le vote des Vénézuéliens de l'extérieur et un égal accès aux médias.
Avec ou sans opposition
En avançant la date de l'élection présidentielle, qui s'était tenue jusqu'ici en fin d'année, le chef de l'Etat de 55 ans a réussi à déstabiliser l'opposition, déjà affaiblie et divisée, et a réaffirmé mercredi qu'il cherchera à se faire réélire avec ou sans opposition.
Pour l'heure, outre des quasi inconnus --un pasteur évangélique, un ingénieur, un chef d'entreprise et un militaire, tous chavistes proches du gouvernement--, M. Maduro ne voit se dresser face à lui qu'un semblant d'opposant: un dissident du chavisme, Henri Falcon, qui a réclamé lui aussi le report du scrutin.
"Maduro se trouve sans doute au moment où il est le plus faible, mais il puise sa force dans l'affaiblissement, les erreurs et le manque de cohésion et de cohérence de l'opposition. C'est ce qui lui donne de l'oxygène", a estimé auprès de l'AFP Félix Seijas, directeur de l'institut de sondage Delphos.
L'unité qui avait fait la force de la MUD aux législatives de fin 2015, lui permettant de remporter une victoire historique qui avait mis fin à une hégémonie chaviste de près de vingt ans, n'est plus.
La MUD cherche désormais un soutien international pour forcer les autorités vénézuéliennes à programmer des élections avec des garanties.
Le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a exhorté le Venezuela à garantir des "élections crédibles", réitérant que l'Union européenne (UE), qui a déjà imposé des sanctions aux fonctionnaires vénézuéliens, est "prête à réagir" si elle ne le fait pas.
Les 14 pays du Groupe de Lima - dont le Brésil, l'Argentine, le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou et les Etats-Unis - ont rejeté par avance ces élections, invoquant le manque de garanties d'un processus libre.
Plusieurs gouvernements ont annoncé qu'ils ne reconnaîtront pas les résultats. Washington, qui en plus des mesures contre les autorités vénézuéliennes a imposé des sanctions économiques, a menacé d'un embargo pétrolier, ce qui signifierait un coup dur pour un pays qui obtient 96% de ses revenus grâce au pétrole.
Une partie de la communauté internationale a également rejeté le projet d'anticipation des élections prévues en 2020 pour élire le Parlement, seul pouvoir que contrôle l'opposition.
Ce nouveau bouleversement du calendrier électoral devrait être proposé prochainement à l'Assemblée constituante, institution dotée de pouvoirs élargis et uniquement composée de fidèles du président.
Avec AFP