Cette réunion avec "des représentants du régime usurpateur" sur l'île caribéenne devra servir à "établir une négociation en vue de sortir de la dictature", a déclaré dans un communiqué Juan Guaido, qui tente de déloger Nicolas Maduro de la présidence depuis le mois de janvier.
Ces nouveaux pourparlers, les troisièmes depuis le mois de mai, doivent servir, selon Juan Guaido, trois objectifs: le départ de Nicolas Maduro de la présidence qu'il occupe depuis 2013, un "gouvernement de transition", puis des "élections libres avec des observateurs internationaux".
L'opposant vénézuélien, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, qualifie Nicolas Maduro de "dictateur" et d'"usurpateur" en raison de l'élection présidentielle "frauduleuse" de 2018 qui a permis au président chaviste de se maintenir au pouvoir.
Nicolas Maduro qualifie, lui, l'opposition de "putschiste", surtout depuis l'appel au soulèvement lancé, en vain, par Juan Guaido le 30 avril.
Dans un tweet, le ministre de la Communication de Nicolas Maduro, Jorge Rodriguez, a implicitement corroboré l'annonce de Juan Guaido en reproduisant un communiqué du ministère norvégien des Affaires étrangères, pays hôte des deux premiers rounds.
"Les deux parties se réuniront cette semaine à La Barbade pour avancer dans la recherche d'une solution négociée et constitutionnelle", a expliqué la diplomatie norvégienne.
Les deux premières réunions organisées à Oslo en mai entre des délégués de l'opposition et du gouvernement n'ont donné aucun résultat tangible.
La semaine dernière, Juan Guaido avait écarté de nouvelles négociations après la mort en détention "après avoir été torturé" du capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo. Le soldat était accusé par le gouvernement d'avoir voulu participer à une "tentative de coup d'Etat" déjouée.
De son côté, Nicolas Maduro a affirmé à plusieurs reprises que le dialogue "continuerait" avec l'opposition.
Pour le politologue Jesus Castillo-Molleda, interrogé par l'AFP, il est "évident que l'opposition n'arrive pas à vaincre le gouvernement, ni seule, ni avec l'aide des Etats-Unis. Cela l'oblige à chercher d'autres mécanismes pour arriver à des accords en vue d'élections".
Le gouvernement cherche "à gagner du temps car il a montré son manque de volonté à résoudre les problèmes", a-t-il estimé.
- "Erosion de l'Etat de droit" -
Dimanche soir, lors d'un discours pendant une cérémonie militaire, Nicolas Maduro n'a pas évoqué la reprise du dialogue, mais il a vanté la "bonne santé dans l'union, la loyauté et la cohésion" de l'armée, pilier du système politique vénézuélien qui contrôle notamment le secteur pétrolier, poumon économique du Venezuela.
L'armée est aussi courtisée par Juan Guaido qu'il appelle à tourner le dos à Nicolas Maduro. Mais tant le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, que le reste de l'état-major réaffirment régulièrement leur "loyauté" envers le président.
L'opposant use aussi de sa fonction de président de l'Assemblée nationale pour tenter d'accentuer la pression.
Dimanche, il a affirmé que les députés de l'opposition, qui contrôle le Parlement unicaméral, allaient bientôt "approuver" le retour du Venezuela dans le Traité interaméricain d'assistance réciproque (Tiar), un accord de défense datant de la Guerre froide, dont Caracas s'est retiré en 2012.
Certains députés de l'opposition jugent que cette mesure permettra de border légalement une intervention militaire étrangère destinée à renverser M. Maduro.
Mais en cas de vote positif de l'Assemblée, la réintégration du Venezuela dans ce traité est incertaine, puisque toutes les décisions des députés sont annulées par la Cour suprême.
Au plan international, le gouvernement vénézuélien est épinglé en raison de la situation des droits de l'homme. Cette semaine la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a ainsi dénoncé l'"érosion de l'Etat de droit" en présentant un rapport sur la question.
A la crise politique que vit le Venezuela s'ajoute la pire crise économique de l'histoire récente du pays. Les pénuries de médicaments et d'essence se multiplient et un quart de la population a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, d'après l'ONU.
Une crise que le gouvernement de Nicolas Maduro met largement sur le compte des sanctions économiques prises par l'administration de Donald Trump.
Avec AFP