Personne n'a oublié la catastrophe du 3 juin 2015, où plus de 150 personnes avaient péri. Ce jour-là, la pluie s'est déchaînée sur la capitale ghanéenne, submergeant des quartiers entiers. Dans le centre-ville, près de Kwame Nkrumah Circle, les passants ont couru se mettre à l'abri dans une station-service.
Des flaques de carburant se seraient échappées avant de prendre feu à la surface de l'eau. Les bâtiments voisins et la station-service ont brûlé, les pompes ont explosé, prenant au piège des dizaines de personnes brûlées vives.
Pour éviter de voir un tel scénario se répéter lorsque les cieux s'ouvriront à nouveau, les autorités ont entrepris le nettoyage des ordures et de la boue qui obstruent les égouts et les cours d'eau de cette ville côtière.
Accra, comme toutes les capitales d'Afrique de l'Ouest, a vu sa population exploser en quelques décennies, mais les infrastructures qui devaient accompagner cette croissance n'ont pas suivi.
Le système de drainage de la ville a été construit en 1963, six ans après l'indépendance de la Grande-Bretagne, à une époque où la population avoisinait les 500.000 habitants.
Aujourd'hui, Accra abrite environ quatre millions de personnes, mais les drains sont restés les mêmes: de modestes canaux creusés le long des routes, ouverts aux éléments ou recouverts de pavés.
"On s'est laissé submerger par les catastrophes, il y a certaines choses qui ne doivent pas se reproduire", affirme à l'AFP un ingénieur hydraulique, Wise Ametefe.
"Les petites pluies ne devraient pas provoquer d'inondations à Accra, mais c'est pourtant le cas. Nous devons être en mesure de les empêcher".
Les efforts pour drainer les canalisations de la capitale ont déjà fait une "grande différence", selon Graham Sarbah, en charge de l'assainissement pour l'agglomération d'Accra. Les autorités ont également l'intention de reconstruire les principaux conduits et d'en construire de nouveaux, assure-t-il.
Cela suffira-t-il?
Beaucoup se demandent toutefois si cela suffira lorsque viendront juin et juillet, avec leurs orages violents et les pluies torrentielles qui les accompagnent.
Andy Sabbah, salarié dans les transports publics, était à Accra le 3 juin 2015. Il a regardé, impuissant, le feu se propager dans le quartier et aidé à dégager les corps une fois le feu éteint.
Avant la nouvelle saison des pluies, Andy Sabbah "attend de voir ce qui va se passer", peu convaincu par les promesses des autorités.
Michael Osei, un tailleur de 36 ans qui vit dans une petite construction en bois près d'un drain ouvert, affirme que personne n'est venu nettoyer son quartier. "Chaque fois qu'il pleut, l'eau dépasse toujours de l'égout et pénètre dans la maison", dit-il.
En avril, le nouveau président ghanéen Nana Akufo-Addo, s'est engagé à faire d'Accra la ville la plus propre d'Afrique à la fin de son mandat.
L'agglomération d'Accra a dit avoir mis en place une politique de "tolérance zéro pour la saleté" et a promis de réprimer les comportements "illégaux", incluant l'utilisation d'emballages plastique susceptibles de boucher les égouts de la ville.
Le nettoyage aidera, mais seulement jusqu'à un certain point. La majorité de la population d'Accra vit dans des quartiers pauvres et densément peuplés.
Beaucoup ressemblent à des bidonvilles, généralement construits avec des matériaux de fortune sans aucun plan d'urbanisme, ce qui les rend très vulnérables aux inondations.
"L'extension physique de la ville a pris de vitesse la planification économique, spatiale et d'infrastructures", affirmait déjà une étude universitaire de Columbia (Etats Unis) en 2010.
Pour l'ingénieur Ametefe c'est justement le problème clé: "Si nous continuons à étendre la ville, toutes les infrastructures que nous avons maintenant ne suffiront pas".
Avec AFP