La catastrophe, survenue samedi après-midi dans le canton des Grisons, n'a épargné aucun des 17 passagers et 3 membres d'équipage.
"La police a la triste certitude que les 20 occupants ont péri", a déclaré dimanche une porte-parole de la police cantonale, Anita Senti, lors d'une conférence de presse organisée à Flims, au pied du Piz Segnas, lieu de la catastrophe.
L'avion, un trimoteur Junkers JU52 HB-HOT, construit en 1939 en Allemagne, appartenait à la compagnie JU-Air, fondée en 1982 par des amis de l'armée de l'air, qui souhaitaient continuer à faire voler trois avions de ce type réformés par l'armée de l'air suisse.
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L'avion transportait 11 hommes et 9 femmes, parmi lesquels un couple autrichien et leur fils, a indiqué la police.
Les passagers revenaient d'un voyage touristique à Locarno, ville de villégiature dans le sud de la Suisse, au bord du Lac Majeur, où ils étaient arrivés vendredi matin. Ils devaient regagner l'aéroport militaire de Dübendorf, près de Zürich (nord), un peu avant 17h00 samedi.
L'appareil s'est écrasé contre le versant ouest du Piz Segnas, à une altitude de 2.540 mètres.
Sur place, un photographe de l'AFP a constaté qu'une vingtaine de pompiers et secouristes continuaient de s'activer autour de l'épave près de 24 heures après le crash, alors que des hélicoptères poursuivaient leurs rotations.
"Les restes de l'appareil sont concentrés dans un petit vallon, entre deux névés, sur une superficie réduite", a décrit ce journaliste, ce qui semble exclure l'hypothèse d'une explosion.
"Comme une pierre"
Selon un témoin qui se trouvait dans un refuge de montagne au moment de l'accident, cité par le journal 20 Minutes, "l'avion a fait un virage de 180 degrés vers le sud et est tombé comme une pierre vers le sol".
Daniel Knech, du Service suisse d'enquête de sécurité (SESE), a confirmé que "l'appareil s'est écrasé au sol presque à la verticale et à une vitesse relativement élevée".
Il a ajouté que l'équipage n'a pas eu le temps de lancer un signal de détresse, mais il a démenti que la chaleur soit la cause de la catastrophe, une thèse avancée par certains experts.
Ce genre d'avion de collection n'est pas équipé de boîte noire et l'enquête va donc devoir s'appuyer sur les témoignages et l'analyse des débris.
M. Knecht a également écarté l'hypothèse d'une collision avec un obstacle, un câble ou un autre aéronef.
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Kurt Waldmeier, président-directeur de la compagnie JU-Air, a affirmé devant les médias que l'appareil ne souffrait d'aucun problème technique et avait subi une inspection de maintenance en juillet.
Il a précisé que les deux pilotes et leur assistant, tous trois sexagénaires, étaient expérimentés.
Sur son site, la compagnie a indiqué que ses vols étaient pour l'instant suspendus. Interrogé sur ce point, le président de JU-Air a déclaré ne pas savoir quand et si ses avions pourront à nouveau voler.
Tante Ju
Le Junkers JU52 (surnommé Tante Ju en allemand, Iron Annie par les Anglais), était un avion de transport en tôle ondulée fabriqué par la firme allemande Junkers à partir des années 1930 et jusque dans les années 50.
Le site de JU-Air précise qu'elle a possédé jusqu'à 4 appareils Junker, datant de 1939, et qu'elle a transporté plus de 14.000 passagers en 2014 pour des vols charters ou des baptêmes de l'air. Un de ses appareils a été réformé en 2016.
Ses pilotes sont d'anciens militaires et pilotes professionnels, tous volontaires.
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La compagnie ne mentionnait jusqu'à aujourd'hui qu'un seul accident, en 1987, à l'aéroport de Coblence, dans le centre de l'Allemagne, qui n'avait fait aucun blessé.
Cette catastrophe aérienne, l'une des plus meurtrières de ces dernières années en Suisse, s'ajoute à deux autres accidents d'avion de tourisme, une série noire qui a fait 28 morts en l'espace de 8 jours.
Samedi matin, un petit appareil avec à son bord un couple et deux enfants en bas âge s'était écrasé dans une forêt à Hergiswil, dans le canton de Nidwald (nord) et avait immédiatement pris feu. Les secouristes n'ont retrouvé aucun survivant.
Le 27 juillet, quatre personnes avaient également perdu la vie dans le crash d'un avion de tourisme au sommet d'un glacier, dans le canton du Valais (sud), à 3.300 mètres d'altitude.
Avec AFP