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Viols d'enfants en Centrafrique : "échec flagrant" de l'ONU


Un soldat onusien de la Minusca devant la foule, Bangui, 29 novembre 2015 (VOA/C. Stein).
Un soldat onusien de la Minusca devant la foule, Bangui, 29 novembre 2015 (VOA/C. Stein).

Un groupe d'experts indépendants a dénoncé un "échec flagrant" de l'ONU dans la gestion des accusations de viol d'enfants par des soldats français et africains en République centrafricaine.

"Le résultat final a été un échec flagrant de la part de l'institution à réagir à ces accusations de manière significative", souligne le rapport du groupe de trois experts présidé par la juge canadienne Marie Deschamps.

"La manière dont des agences de l'ONU ont réagi à ces accusations a été entachée de graves défauts", ajoute le texte.

Le rapport d'une centaine de pages, qui était très attendu, fait état de dysfonctionnements au sein de l'institution internationale, sur place à Bangui ainsi que de la part de hauts responsables à Genève et à New York après la révélation de l'affaire.

Il critique en particulier l'ancien chef de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca), le Sénégalais Babacar Gaye, qui a démissionné en août.

Il critique aussi des responsables de l'Unicef à Bangui et du Haut commissariat pour les droits de l'homme de l'ONU pour ne pas avoir transmis les accusations à leurs supérieurs hiérarchiques, ou ne pas avoir pris assez vite des mesures pour protéger ou aider les enfants.

"Les informations sur ces accusations sont passées de bureau en bureau (...) personne ne voulant prendre la responsabilité de traiter ces graves violations des droits de l'homme", affirme le rapport.

Dans un long communiqué, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui avait nommé le groupe d'experts en juin dernier, a "pris acte des conclusions générales du rapport" et a promis d'en tirer les conséquences "sans délai".

Il a exprimé "son profond regret que ces enfants aient été trahis précisément par les gens envoyés pour les protéger".

M. Ban rappelle aussi qu'il revient aux pays dont des Casques bleus fautifs sont originaires de les sanctionner, ce que "trop souvent", a-t-il dit, ces pays ne font pas ou pas assez vite.

"Beaucoup reste à faire, notamment de la part des Etats membres (de l'ONU) pour éradiquer ces odieux abus sexuels devenus trop fréquents, par des soldats et des civils de l'ONU ainsi que par des membres d'autres organisations de maintien de la paix", a estimé le Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué.

La justice française a entendu début décembre quatre militaires français sur des soupçons de viols d'enfants en Centrafrique en 2013 et 2014. En tout, quatorze soldats français étaient mis en cause, de même que des militaires de Guinée équatoriale et du Tchad.

L'opération française Sangaris, qui n'est pas sous commandement de l'ONU, avait été déclenchée en 2013 pour stabiliser la situation en Centrafrique, en proie au chaos et aux violences entre communautés chrétienne et musulmane.

L'ONU, critiqué pour sa gestion de ce scandale, avait ouvert une enquête et a édicté des recommandations pour améliorer sa réponse à de nombreux cas d'abus ou de harcèlement sexuels dans ses missions de maintien de la paix.

La commission d'enquête externe qui a publié le rapport était présidée par Marie Deschamps, ancienne juge à la Cour suprême du Canada. Ses deux autres membres étaient Hassan Jallow (Gambie), procureur du Tribunal international pour le Rwanda, et Yasmin Sook, directrice de la Fondation pour les droits de l'Homme en Afrique du sud.

Avec AFP

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