Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Vitale pour Goma, la centrale de Matebe prise entre deux feux


Le parc de Virunga, dans le Nord-Kivu, 16 février 2018. (VOA/Charly Kasereka)
Le parc de Virunga, dans le Nord-Kivu, 16 février 2018. (VOA/Charly Kasereka)

"Nous étions au milieu des tirs croisés entre les M23 et l’armée", raconte Ali Masudi Bwana, responsable de la sécurité à la centrale hydroélectrique de Matebe, construite dans le parc national des Virunga dans le territoire de Rutshuru, près de la frontière ougandaise, dans l’est de la RD Congo.

Les rebelles "étaient positionnés juste là et tiraient à la mitrailleuse dans notre direction", indique-t-il en pointant du doigt une petite colline boisée surplombant le village de Rwanguba et les installations de captage de la rivière Rutshuru qui alimente la centrale, essentielle pour l'alimentation en électricité de la région.

Les 28 et 29 mars, le groupe armé M23/ARC (Mouvement du 23 mars/Armée révolutionnaire congolaise) a lancé une offensive contre des villages et des positions de l’armée dans le territoire de Rutshuru.

Le M23, issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise, avait été vaincu en 2013 par l'armée mais est réapparu en fin d'année dernière, en reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.

En remontant sur près de 20 km vers l’ouest la RN28, depuis leurs bastions d’altitude du mont Sabyinyo - qui marque la frontière entre la RDC, l’Ouganda et le Rwanda - les miliciens du M23 ont pris le contrôle d’une dizaine de localités sans rencontrer de grande résistance.

Mais autour de la centrale de Matebe, des combats ont eu lieu.

- Secteur des gorilles -

"Nous avons évacué tout le personnel. Il ne reste qu’une +équipe squelette+ pour protéger les installations et faire en sorte que la centrale ne s’arrête pas", explique Emmanuel de Mérode, le directeur du parc des Virunga.

Ce vendredi, il décolle de Goma à bord d’un ULM qu’il pilote lui-même pour inspecter la centrale et remonter le moral des gardes et des techniciens restés sur place.

Après avoir longé le volcan actif du Nyiragongo et survolé le territoire de Rutshuru, le défenseur belge de l’environnement atterrit avec son petit engin à moteur sur une piste de terre.

La centrale de Matebe, d’une puissance de 14 mégawatts, alimente en électricité Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu de plus d’un million d’habitants, et une partie du territoire de Rutshuru.

Après avoir fait le tour de Matebe et du chantier à peine lancé d’une nouvelle centrale à Rwanguba qui permettra de doubler la quantité d’énergie fournie à la ville de Goma d’ici trois ans, Emmanuel de Mérode s’adresse sur un ton solennel aux gardes du parc réunis autour de lui.

"Par votre présence et votre engagement, vous défendez des installations vitales pour la population du Nord-Kivu", galvanise ses troupes le directeur du parc avant de redécoller vers le quartier général des Virunga, à Rumangabo, à dix minutes de vol de la centrale.

Fin février dans la brume des pentes du mont Mikeno, 10 km au sud des bureaux du parc, l’armée congolaise lançait des tirs d'artillerie dans le secteur des gorilles pour tenter d’y déloger les rebelles, après avoir perdu plusieurs dizaines de soldats dans des attaques éclairs du M23.

Malgré les risques, des équipes du parc des Virunga ont repris en mars le suivi des familles de gorilles des montagnes, une espèce en danger qui, comme les rebelles du M23, vit à cheval entre la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda.

XS
SM
MD
LG