Abidjan a protesté officiellement, mardi 8 décembre, contre le mandat d'amener de la justice française visant Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire et ancien chef de la rébellion, a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires étrangères ivoirien Charles Koffi Diby.
"J'émets une vive protestation contre le mandat d'amener" émis dans le cadre d'une plainte du fils de l'ex-président Laurent Gbagbo, a indiqué Charles Koffi Diby, qui a convoqué l'ambassadeur français Georges Serre au ministère des Affaires étrangères en fin de matinée.
"Le président de l'Assemblée est en mission officielle de représentation à travers un mandat que lui a donné le président de la République. Il bénéficie d'une immunité absolue. Nous exigeons que le mandat soit annulé", a-t-il insisté.
Soro en France pour la COP21
M. Soro était venu en France pour la COP21. Dans l'immédiat, il n'était pas possible de savoir si M. Soro se trouvait encore en France ou était rentré dans son pays.
"Ce mandat d'amener viole complètement les accords de coopération, la convention de Vienne et les traités pour les immunités", a conclu M. Koffi Diby.
De source diplomatique française, le courrier remis à l'ambassadeur est adressé au ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et reprend les arguments cités par le ministre.
La juge d'instruction parisienne Sabine Khéris cherche à entendre M. Soro dans le cadre de la plainte déposée en 2012 par Michel Gbagbo, fils de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, pour "enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain", selon des sources concordantes.
Selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de M. Soro qui était absent. "Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge", a-t-elle précisé.
Volonté de coopérer
Les avocats français de M. Soro avaient déjà protesté lundi soir contre ce mandat d'amener estimant qu'il avait été "délivré en méconnaissance des pratiques et usages diplomatiques admis et reconnus."
"Ceci est d'autant plus choquant que les avocats de M. Soro avaient pris contact à plusieurs reprises avec la juge d'instruction pour s'interroger sur le cadre dans lequel il pouvait et devait coopérer avec la justice française. Celle-ci dispose dorénavant de tous les documents nécessaires qui pouvaient lui manquer", écrivaient-ils.
"Les faits allégués, minimes, restent à prouver. Michel Gbagbo s'est plaint des conditions de son arrestation (...) Aucune preuve de violences physiques n'a pu être établie lors de cette arrestation", affirmaient-ils.
"A l'époque des faits, M. Soro était Premier ministre, ministre de la Défense. C'est à ce titre qu'il est abusivement visé par une plainte", indiquent ses avocats assurant qu'il "coopérera avec la justice française qu'il saisit de son côté d'une plainte en dénonciation calomnieuse contre Michel Gbagbo".
Avec AFP