Fin février et début mars, près de 5.000 mètres cube de kévazingo avaient été découverts dans deux sites d'entreposage appartenant à des sociétés chinoises, au port d'Owendo.
Une partie du kévazingo était chargée dans des conteneurs sur lesquels figurait le tampon du ministère des Eaux et forêts indiquant une cargaison d'okoumé, une essence de bois dont l'exploitation est autorisée.
Après la découverte de ces documents falsifiés, le responsable de ce ministère au port et son équipe avaient été arrêtés, soupçonnés d'être impliqués dans ce trafic qui se chiffre à plusieurs millions d'euros.
"Le 30 avril dernier, la disparition de 353 conteneurs, sur un total de 392 placés sous-main de justice, avec à l'intérieur du kévazingo, une essence précieuse, a été constatée", a rappelé lundi la présidence dans un communiqué.
Le président gabonais Ali Bongo "souhaite que des peines exemplaires, une fois les responsables identifiés et confondus, soient prononcées. Il ne doit y avoir ni faiblesse, ni impunité, ni passe-droit, quel que soit le rang des personnes concernées, des individus impliqués".
Parallèlement au travail de la justice, le président "prendra toutes les mesures qui s'imposent, sur le plan administratif comme politique. Si des responsables, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, ont failli, ils seront durement sanctionnés. Notre bras ne tremblera pas. La corruption n'a pas sa place au Gabon".
Le kévazingo est un bois rare d'Afrique centrale très apprécié en Asie.
La presse gabonaise fait ses choux gras de l'affaire, certains évoquant un "kévazingogate".
"Inimaginable. Inconcevable. Incroyable (...). Un ou deux containers de piqué, ça passe. Mais des centaines, ça, ils ont fait forts. Même le plus talentueux des magiciens ou le plus grand vodouisant n'aurait jamais réussi", se gaussait lundi le quotidien progouvernemental l'Union dans son édito.
Représentant 60% du PIB (hors hydrocarbures), le secteur forestier est l'un des piliers historiques de l'économie du Gabon, un pays recouvert à près de 80% par la forêt.
Fin mars, le rapport d'une ONG britannique avait dénoncé les pratiques illégales d'un groupe chinois à l'origine d'un vaste trafic d'exploitation de bois au Gabon et au Congo, accusant notamment plusieurs personnalités politiques et agents de l'administration d'être impliqués.