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Washington met en garde contre des "conflits par procuration" au Liban


Le secrétaire d'Etat Américain, Rex Tillerson, à Washington DC, le 30 octobre 2017.
Le secrétaire d'Etat Américain, Rex Tillerson, à Washington DC, le 30 octobre 2017.

Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a mis en garde vendredi contre toute utilisation du Liban "comme théâtre de conflits par procuration", tout en désignant le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri comme un "partenaire solide des Etats Unis".

"Les Etats-Unis exhortent toutes les parties, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du Liban, à respecter l'intégrité et l'indépendance des institutions nationales légitimes du Liban, y compris le gouvernement et les forces armées. A cet égard, nous respectons le Premier ministre libanais Saad Hariri en tant que partenaire solide des Etats-Unis", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Samedi dernier, Saad Hariri a créé la surprise en annonçant, depuis Ryad, sa démission, dénonçant la "mainmise" sur le Liban du Hezbollah chiite, membre de son gouvernement mais aussi mouvement armé proche de l'Iran. De nombreux observateurs pensent que cette décision a été dictée par l'Arabie saoudite, rival régional de l'Iran.

Depuis, le Premier ministre n'a pas regagné le Liban pour officialiser sa démission. Le Hezbollah a accusé vendredi Ryad de "détenir" le chef du gouvernement et de lui "interdire" de rentrer au Liban, tandis que le président libanais Michel Aoun a "réclamé" son retour auprès de l'Arabie saoudite.

Plus tôt vendredi, Rex Tillerson avait dit à des journalistes, au cours d'un déplacement en Asie, avoir eu "l'assurance" de la part des autorités saoudiennes que Saad Hariri avait "pris tout seul sa décision" de démissionner et n'avoir "aucune indication" selon laquelle il serait retenu contre son gré.

'Activités déstabilisatrices'

Mais il avait aussi exprimé des inquiétudes quant aux conséquences de sa démission. "La structure actuelle du gouvernement", qui réunit chrétiens et musulmans sunnites et chiites, "a permis de maintenir un certain calme, la paix au Liban, donc dès qu'on remet en cause cet équilibre des pouvoirs qui a fait ses preuves cela crée un potentiel pour un changement de situation", avait-il mis en garde.

"Les Etats-Unis soutiennent fermement la souveraineté et l'indépendance de la République du Liban et de ses institutions politiques", et "s'opposent à toute action qui pourrait menacer" sa "stabilité", a ensuite insisté le secrétaire d'Etat dans son communiqué.

Dans un message qui semble dirigé en premier lieu à l'Iran et au Hezbollah, Rex Tillerson a prévenu qu'il n'y a "pas de place ou de rôle légitime au Liban pour des forces, milices ou éléments armés étrangers autres que les forces de sécurité légitimes de l'Etat libanais -- qui doivent être reconnues comme la seule autorité pour la sécurité du Liban".

"Les Etats-Unis mettent en garde toute partie, à l'intérieur ou à l'extérieur du Liban, qui utiliserait le Liban comme théâtre de conflits par procuration", a-t-il conclu.

Washington a apporté son soutien appuyé ces derniers jours au roi Salmane d'Arabie saoudite et à l'ambitieux prince héritier Mohammed ben Salmane, même si Rex Tillerson a évoqué vendredi "quelques inquiétudes" sur le sort des plus de 200 personnes arrêtées le weekend dernier dans le royaume dans le cadre d'une purge sans précédent menée au nom de la lutte anticorruption. "L'intention est bonne", a estimé le secrétaire d'Etat après un entretien téléphonique cette semaine avec son homologue saoudien Adel al-Jubeir.

Alors que le ton est monté entre Ryad et Téhéran, au sujet du Liban mais aussi du Yémen en proie à un conflit où les deux rivaux soutiennent des camps opposés, le ministre américain a une nouvelle fois blâmé l'Iran, sa bête noire, pour "ses activités déstabilisatrices". En revanche, "je ne dirais pas que l'Arabie saoudite a une influence déstabilisatrice dans la région", a-t-il précisé.

Avec AFP

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