Le démenti du légendaire réalisateur new-yorkais, qui continue à 82 ans à sortir des films chaque année, est tombé au moment même où la chaîne américaine CBS diffusait la première interview télévisée jamais accordée par Dylan Farrow.
Dans cet entretien enregistré lundi, la jeune femme de 32 ans a réaffirmé que le réalisateur l'avait agressée sexuellement en août 1992, alors qu'elle avait sept ans, dans le grenier de la maison de Mia Farrow dans le Connecticut.
"A sept ans, j'aurais dit qu'il m'a touché les parties intimes", a-t-elle indiqué. Aujourd'hui, elle peut dire plus précisément qu'"il m'a touché les lèvres et la vulve avec le doigt", a-t-elle ajouté avec émotion, en soulignant que Woody Allen recherchait alors souvent des contacts physiques inappropriés avec elle.
Dans sa déclaration mercredi, le réalisateur, qui n'a jamais été poursuivi et avait déjà publié un long démenti dans le New York Times en 2014, souligne à nouveau que ces accusations avaient à l'époque fait l'objet d'enquêtes approfondies de deux agences de protection de l'enfance, "qui ont conclu, de manière indépendante, qu'il n'y avait jamais eu d'abus".
Mais Dylan Farrow a assuré sur CBS que sa mère ne l'avait jamais poussée à quoi que ce soit, l'encourageant seulement à "dire la vérité".
Les larmes aux yeux en revoyant une interview de Woody Allen démentant les accusations, elle a accusé son père adoptif d'avoir "menti tout du long" et dit regretter que l'affaire ne soit pas allée jusqu'au procès.
Ces affirmations et contre-affirmations étalent une nouvelle fois en public la guerre opposant Woody Allen à plusieurs membres de la famille Farrow, apparue au grand jour lors de la douloureuse séparation du réalisateur de son ex-muse Mia en 1992.
Woody Allen avait alors aussi fait scandale en avouant sa liaison avec une autre fille adoptive de Mia, Soon-Yi Previn, de 35 ans sa cadette. Ils se sont depuis mariés et ont adopté deux filles.
- 'La famille Farrow' accusée -
La controverse refait surface alors que le mouvement anti-harcèlement #Metoo, né en octobre des révélations d'abus sexuels commis par le producteur de cinéma Harvey Weinstein, continue à balayer Hollywood.
Woody Allen a d'ailleurs accusé "la famille Farrow" --le frère de Dylan, Ronan Farrow, journaliste, a été à la pointe des révélations sur Harvey Weinstein-- de "profiter cyniquement" de ce mouvement pour relancer ces accusations.
La pression était montée ces derniers jours sur le réalisateur multi-oscarisé de "Manhattan", "Annie Hall" ou tout récemment "Wonder Wheel" et qui doit sortir cette année "A Rainy Day in New York", avec Timothée Chalamet et Selena Gomez.
Plusieurs actrices dont Natalie Portman et Reese Witherspoon ont pris parti pour Dylan Farrow, et le jeune acteur franco-américain Timothée Chalamet, célébré par la critique pour ses rôles dans "Call me by your name" et "Lady Bird", a contribué à mettre en difficulté le réalisateur.
Il a regretté sur Instagram avoir travaillé avec Woody Allen et annoncé faire don de ses revenus pour le film à trois associations, dont la jeune "Time's Up", créée par un collectif de 300 femmes de Hollywood pour aider les victimes de harcèlement sexuel.
Greta Gerwig, réalisatrice de "Lady Bird" qui a remporté récemment le Golden Globe de la meilleure comédie, a aussi déclaré regretter d'avoir joué dans le film de Woody Allen "To Rome with Love" (2012), et affirmé qu'elle ne travaillerait plus avec lui.
En revanche, l'acteur Alec Baldwin a pris la défense du réalisateur, qualifiant la situation d'"injuste et triste" et rappelant que Woody Allen n'avait jamais été poursuivi malgré de longues enquêtes.
Depuis le début du mouvement #Metoo, plusieurs réalisateurs et acteurs célèbres sont devenus indésirables, même s'ils ne font l'objet pour l'instant d'aucune inculpation, comme Kevin Spacey ou Brett Ratner.
D'autres légendes du cinéma, comme Dustin Hoffman, ont vu leur réputation sérieusement écornée.
Avec AFP