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Yémen: 19 soldats tués dans une attaque d'Al-Qaïda dans le sud


Les forces yéménites pro-gouvernementales ont tiré une mitrailleuse lourde au sud de l’aéroport d’Hodeida, dans la province d’Hodeida, au Yémen, le 15 juin 2018.
Les forces yéménites pro-gouvernementales ont tiré une mitrailleuse lourde au sud de l’aéroport d’Hodeida, dans la province d’Hodeida, au Yémen, le 15 juin 2018.

Dix-neuf soldats de l'armée yéménite ont été tués vendredi dans une attaque du réseau djihadiste Al-Qaïda contre un camp militaire dans la province méridionale d'Abyane, au lendemain d'attaques contre la police ayant fait 49 morts à Aden.

Des membres d'Al-Qaïda ont lancé une attaque contre le camp militaire d'Al-Mahfad, dans le nord de la province, ont indiqué trois responsables au sein des forces gouvernementales, précisant que les assaillants étaient parvenus à entrer dans le camp après avoir affronté des soldats et à y rester plusieurs heures, avant l'arrivée de renforts de l'armée.

"Profitant des attaques visant les forces (gouvernementales) à Aden, des hommes d'Al-Qaïda ont lancé une attaque sur le camp d'Al-Mahfad", a expliqué à l'AFP un responsable des forces gouvernementales.

"Des assaillants ont été tués et d'autres ont été chassés avec l'appui de l'aviation des forces de la coalition (progouvernementale dirigée par l'Arabie saoudite) au cours d'une opération qui a duré des heures", a-t-il précisé.

L'attaque a causé la mort de 19 soldats et plusieurs autres ont été blessés, a-t-il ajouté.

Jeudi, au moins 49 personnes, dont de nombreux policiers, ont été tuées dans deux attaques à Aden, dont une attaque suicide revendiquée vendredi par le groupe Etat islamique (EI) sur la messagerie cryptée Telegram.

Une voiture piégée a explosé à l'entrée d'un QG des forces de l'ordre dans le quartier de Cheikh Othman, dans le centre d'Aden, au moment où les policiers se rassemblaient pour saluer le drapeau national, selon des responsables des services de sécurité. L'attaque a tué 13 policiers et blessé plusieurs autres, selon le ministère de l'Intérieur.

La deuxième attaque, à la périphérie ouest d'Aden, la grande ville du sud où siège le gouvernement yéménite, a visé la caserne d'Al-Jalaa et été revendiquée par les rebelles Houthis qui affirment l'avoir menée à l'aide d'un missile et d'un drone.

Selon un bilan officiel, cette attaque a fait "36 martyrs" dont un haut gradé de la police.

Les forces visées jeudi appartiennent à la force dite de la "Ceinture de sécurité", entraînée et équipée par les Emirats arabes unis, l'un des piliers de la coalition menée par l'Arabie saoudite qui intervient au Yémen contre les rebelles depuis mars 2015.

Ces attaques interviennent alors que, début juillet, les Emirats arabes unis avaient annoncé leur intention de réduire leurs troupes au Yémen pour passer d'une "stratégie" de guerre à une logique de "paix".

- "Sérieuse inquiétude" -

A la faveur du conflit qui oppose depuis 2014 les Houthis aux forces progouvernementales, Al-Qaïda et le groupe Etat islamique ont renforcé leur implantation dans le sud du Yémen et y ont revendiqué des dizaines d'attentats ces dernières années.

"L'attaque de vendredi semble être une attaque opportuniste", estime Aleksandar Mitreski, spécialiste des questions de sécurité et chercheur à l'Université de Sydney. "Al-Qaïda n'a ni la capacité ni l'appétit stratégique d'ouvrir un nouveau front dans le sud du Yémen."

Il a cependant souligné qu'"Al-Qaïda pourrait à l'avenir commettre des attaques sporadiques pour affirmer qu'il reste un acteur pertinent dans le conflit".

Jusqu'aux attaques de jeudi, Aden, la grande ville du sud et capitale "provisoire" du gouvernement après la prise de Sanaa par les rebelles Houthis, avait connu un calme relatif, le dernier attentat suicide remontant à juillet 2018.

Le sud du Yémen avait néanmoins été touché le 10 janvier par une attaque par drones menée par les Houthis contre l'armée loyaliste dans la province de Lahj.

Plus de quatre ans après l'intervention de la coalition conduite par Ryad, les Houthis contrôlent toujours de vastes zones de l'ouest et du nord du pays, dont la capitale Sanaa.

Le sud du Yémen reste quant à lui principalement sous le contrôle des forces pro-gouvernementales.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux-tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU.

L'émissaire des Nations unies pour le Yémen, Martin Griffiths, a dit vendredi sa "sérieuse inquiétude" après "les attaques à Aden et Saada (...) ayant fait des dizaines de morts civils", faisant notamment référence à la mort lundi de 13 civils dans un bombardement saoudien sur la province de Saada, bastion des Houthis dans le nord du pays.

Il a appelé "les parties à honorer leurs engagements pour la paix et déployer davantage d'efforts en faveur d'un règlement politique".

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