Son engagement de longue date contre cette maladie souvent minimisée par les victimes elles-mêmes, pourtant très nombreuses (quelque 200 millions par an, dont plus de 400.000 morts, essentiellement en Afrique subsaharienne), a été surtout motivé par la prise de conscience de ses lourdes conséquences économiques, confie-t-il dans un entretien à l'AFP.
Même parmi les populations directement touchées par ce parasite véhiculé par les moustiques, "on a toujours cité la maladie comme une petite chose, une petite maladie", explique Youssou Ndour, en lunettes, vêtu d'un ensemble tunique-pantalon à damier noir et blanc brodé.
"Ici, il y a beaucoup de gens qui te disent 'j'ai une petite grippe'" alors qu'ils souffrent du paludisme, dit-il. "Combien d'enfants sont partis sans qu'on puisse dire si c'est le paludisme ou autre chose ?".
Pour sensibiliser à la fois les populations et la communauté internationale, il a participé à l'organisation de concerts géants, avec des stars africaines ou mondiales de la chanson, et à des campagnes de prévention, par exemple pour l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticides.
Le paludisme est une maladie de la pauvreté, qui ponctionne une partie importante des ressources africaines, souligne Youssou Ndour, citant l'estimation de "plus de 12 milliards de dollars (environ 11,3 milliards d'euros) d'impact économique" par an.
"Un enfant qui a la malaria, il ne peut plus aller à l'école. Quand on ne peut plus aller à l'école, après, automatiquement on n'a pas d'emploi, on n'a pas de travail. Donc, la pauvreté est toujours là, derrière", explique-t-il.
'Accélérer la cadence'
Lors de ses voyages, le chanteur a visité la capitale fédérale américaine Washington, raconte-t-il. "On m'a montré des photos de Washington à l'époque, il y avait des moustiques. Pourquoi c'est parti ?". Grâce à la mobilisation des autorités et des habitants, selon lui.
"A l'exemple de Washington, demain on doit dire: Sénégal, Burkina Faso, Mali, tous ces problèmes-là ont été réglés" pour permettre à ces pays africains de décoller, affirme Youssou Ndour, qui est également propriétaire d'un important groupe de médias privé.
Le paludisme ne cesse de reculer au Sénégal depuis une vingtaine d'années, au point que le pays apparaît en voie d'élimination de la maladie, un seuil que le Fonds Lives and Livelihoods (LLF), initiative multilatérale de développement basée au Moyen-Orient lancée par la Banque islamique de développement (BID), veut l'aider à franchir.
Le LLF vient de signer un accord de financement de 32 millions de dollars (30 millions d'euros) pour soutenir les efforts du gouvernement sénégalais, notamment en fournissant à 2,5 millions de personnes des moustiquaires imprégnées d'insecticide et par la distribution gratuite de tests à diagnostic rapide et de médicaments .
Youssou Ndour salue cette initiative. "Ce n'est pas aujourd'hui, où nous avons fait effectivement des progrès, qu'il faut baisser les bras. Il faut encore accélérer la cadence pour arriver à éradiquer complètement le paludisme", dit-il. "J'espère le voir de mon vivant".
Avec AFP