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La justice libère le pasteur leader de la contestation contre Mugabe


Les partisans du pasteur Evan Mawarire
Les partisans du pasteur Evan Mawarire

Le pasteur Evan Mawarire, chef de file du mouvement citoyen contre le président zimbabwéen Robert Mugabe, a été libéré à Harare sous les acclamations de ses supporters, au lendemain de son arrestation et après une décision de justice rejetant l'inculpation de tentative de renversement du gouvernement.

Après une journée riche en rebondissements, Evan Mawarire est sorti libre du tribunal d'Harare, arborant le drapeau zimbabwéen, devenu le nouveau symbole de la résistance au régime Mugabe.

Peu avant, le juge avait déclaré que "la détention (du pasteur) était refusée".

"Le parquet a essayé d'introduire (mercredi) de graves chefs d'accusation de renversement" du pouvoir, a expliqué aux journalistes l'avocat du pasteur, Harrison Nkomo.

Mais dans la mesure où procédure judiciaire n'a pas été respectée - les charges ont été présentées au tribunal, et non au poste de police, comme le veut la règle - , "le juge a refusé la détention", a-t-il encore dit.

Evan Mawarire avait été arrêté mardi, après s'être présenté de son propre chef à la police qui l'avait convoqué.

Mercredi soir, il a été accueilli en héros à sa sortie, en homme libre, du tribunal où des centaines de personnes s'étaient massées toute la journée pour lui témoigner leur soutien.

"Nous sommes ravis qu'il soit libre", a réagi l'une de ses partisanes, Monica Chirisa. "Le gouvernement devrait répondre aux problèmes des citoyens soulevés par Mawarire, au lieu d'arrêter des personnes innocentes".

Le pasteur avait aussi reçu plus tôt le soutien de dizaines d'avocats venus symboliquement au tribunal lui proposer de le défendre.

Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, Evan Mawarire s'est rapidement fait un nom en postant en avril une vidéo où il dénonçait l'incurie et la corruption du régime de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980.

Ce pasteur baptiste de 39 ans a lancé le mouvement anti-Mugabe #TheFlag (LeDrapeau), très actif sur les médias sociaux. Il a réussi à fédérer la frustration croissante de la population face à la grave crise économique dans laquelle le Zimbabwe est embourbé depuis le début des années 2000.

Environ 90% de la population active n'a pas d'emploi formel. Les banques sont à cours de liquidités, tout comme le gouvernement. De nombreux fonctionnaires ont reçu leur salaire de juin la semaine dernière.

Evan Mawarire fait partie des organisateurs de la grève générale du 6 juillet, qui avait été bien suivie, et avait de nouveau appelé à la paralysie du pays ce mercredi et jeudi.

Mais la mobilisation a été faible mercredi. Les écoles et commerces étaient ouverts à Harare, où la police anti-émeutes patrouillait.

Le régime "s'est assuré d'avoir arrêté les personnes qui se font le plus entendre et qui sont les moins peureuses. C'est la raison pour laquelle la mobilisation n'est pas aussi forte que la semaine dernière", a estimé, avant la libération du pasteur, Onias Marongwa, employé dans un supermarché de la capitale.

Dans la ville de Masvingo (sud-est), la plupart des commerces étaient aussi ouverts, selon Takafira Zhou, à la tête du Syndicat progressiste des enseignants.

"La machine du régime est très visible", a-t-il déclaré à l'AFP. "L'appel à la grève est peu suivi car les grévistes la semaine dernière ont eu leur salaire amputé et ils craignent le pire s'ils sont perçus comme provocateurs", a-t-il ajouté.

Robert Mugabe, 92 ans et plus vieux chef d'Etat en exercice dans le monde, dirige d'une main de fer le Zimbabwe: il réprime régulièrement dans la violence toute opposition.

Selon Amnesty International, environ 300 personnes ont été interpellées dans le pays depuis la semaine dernière. Plusieurs vidéos montrant des policiers frapper à coups de matraques des manifestants circulent sur internet.

Harare a accusé des "ambassades étrangères" d'alimenter la contestation anti-Mugabe.

Avec AFP

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