Le journaliste Hopewell Chin'ono a révélé récemment des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe, scandales qui ont débouché sur le limogeage début juillet du ministre de la Santé Obadiah Moyo.
Quant à Jacob Ngarivhume, à la tête du petit parti Transformer le Zimbabwe, il avait appelé à des manifestations le 31 juillet pour protester contre la corruption au sein de l'Etat et contre la détérioration de la situation économique dans le pays.
Les deux hommes, interpellés à leur domicile lundi à Harare, ont été formellement inculpés mercredi.
Le procureur Whisper Mabhaudhi a accusé le journaliste d'avoir également incité les Zimbabwéens à participer aux manifestations prévues le 31 juillet, ne faisant preuve d'"aucun respect pour la vie humaine".
Il s'est opposé à sa demande de libération conditionnelle, compte tenu de "la probabilité qu'il s'enfuit".
Les avocats du journaliste ont de leur côté dénoncé les conditions de son arrestation et de sa garde à vue. Selon eux, les forces de l'ordre ont brisé une baie vitrée au domicile de Hopewell Chin'ono pour entrer chez lui.
L'audience consacrée à la demande de libération conditionnelle des deux hommes doit reprendre jeudi.
Les manifestations prévues le 31 juillet ont de fait été annulées avec l'établissement mardi d'un couvre-feu et de mesures strictes de confinement pour tenter d'endiguer la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe.
Au cours de la dernière semaine, le nombre de cas confirmés dans ce pays d'Afrique australe a quasiment triplé, avec 1.713 cas enregistrés à ce jour, dont 26 morts.
Cette pandémie survient alors que le Zimbabwe est englué depuis le début des années 2000 dans une grave crise économique et financière.
Après un relatif répit il y a une décennie, la situation a de nouveau empiré depuis deux ans avec le retour de pénuries (liquidités, carburants, denrées de base, électricité...), sur fond d'inflation galopante et de dépréciation du dollar zimbabwéen.