Une série à l'épreuve du Camp Nou
C'est Luka Modric qui l'a le mieux résumé samedi soir: "Enchaîner 33 matches sans perdre ne peut pas être un hasard".
Bombardé à la tête du Real en janvier, vainqueur de la Ligue des champions cinq mois plus tard, Zidane avait pourtant été raillé en Espagne pour sa "flor" ("fleur", sa bonne étoile). Presque un procès en illégitimité pour un tout jeune entraîneur de 44 ans.
Mais "Zizou" est un "gagneur", comme il l'a lui-même déclaré fin novembre. Et le technicien a enchaîné samedi un deuxième match sans perdre au Camp Nou, après un premier clasico victorieux en avril (2-1). Ses choix, eux, sont payants: Casemiro, lancé par "ZZ" en fin de rencontre, a sauvé sur sa ligne l'ultime balle de match du Barça.
"Zinédine Zidane est l'homme qui a réussi en onze mois à ce que le Real remporte une Ligue des champions et une Supercoupe d'Europe, enchaîne 33 matches d'invincibilité, gagne le derby (3-0 contre l'Atletico, NDLR) et retrouve son lustre passé au Camp Nou", a résumé dimanche le quotidien sportif Marca, le plus lu d'Espagne.
La dernière défaite du Real de Zidane ? Elle remonte à huit mois, à Wolfsburg en quarts de C1 (2-0). La dernière, et la seule en Liga? 1-0 fin février contre l'Atletico.
"Ses statistiques sont spectaculaires", s'est réjoui le président madrilène Florentino Pérez cette semaine dans un entretien avec l'AFP, ajoutant: "Impossible de faire mieux."
Une équipe à son image
Joueur d'équipe par excellence, l'ancien meneur de jeu du Real (2001-2006) et des Bleus a réussi à cimenter le collectif merengue.
"Avec +Zizou+, le climat est magnifique et c'est un immense entraîneur", a lancé samedi son capitaine Sergio Ramos, auteur du but égalisateur au Camp Nou.
De l'équipe désarticulée de Rafael Benitez, balayée par le Barça lors du clasico de novembre 2015 (4-0), Zidane a fait un bloc capable d'étouffer les Barcelonais. Dans l'entrejeu, Modric a étincelé et délivré la passe décisive pour Ramos.
"Quand un effectif d'une telle qualité, avec autant de joueurs de niveau mondial, joue en équipe et donne tout sur le terrain, il est très difficile de nous battre", a observé le Croate.
Tactiquement, les choix de Zidane se révèlent aussi très bons: dans le derby ou dans le clasico, son 4-4-2 a été solide et créatif. Et la préparation physique semble aussi payer: "Dans les matches difficiles, nous donnons tout jusqu'au bout et cela se voit", a relevé le latéral brésilien Marcelo.
Une page d'histoire à écrire
Place désormais à la réception de Dortmund mercredi en C1 au stade Santiago-Bernabeu, où le Real peut égaler la meilleure série d'invincibilité de l'histoire du club: celle du technicien néerlandais Leo Beenhakker en 1988-1989 (34 matches).
Il n'est pas dit que l'ambitieux Zidane s'arrête là. La marche suivante est de dépasser les 39 rencontres sans défaite du Barça de Luis Enrique (2015-2016), record espagnol, voire l'incroyable série de la Juventus Turin, 43 matches en 2011-2012.
Cela voudrait dire remporter le Mondial des clubs qui s'ouvre dans quelques jours (8-18 décembre) au Japon, où Zidane peut décrocher le troisième trophée de sa jeune carrière. En attendant peut-être celui de meilleur entraîneur Fifa de l'année...
"Zizou" sait néanmoins qu'il sera jugé sur sa capacité à offrir enfin la Liga au club merengue, bredouille depuis 2012. En laissant le Barça à six points derrière, son Real a fait un petit pas dans cette direction samedi.
"Indépendamment du résultat, cela va être difficile jusqu'au bout. Il faut continuer à travailler, la saison est encore longue", a lancé le Français. Marche après marche, Zinédine Zidane continue de construire sa légende.
Avec AFP