Vytjie Mentor a longuement raconté mardi à la commission chargée d'enquêter sur les "affaires" de l'ère Zuma comment les frères Gupta lui avaient proposé un poste de ministre, avec l'approbation tacite de l'ancien chef de l'Etat.
Alors à la tête de l'influente commission parlementaire en charge du secteur public, Mme Mentor est convoquée en 2010 dans leur luxueuse propriété de Johannesburg.
Là, Ajay Gupta l'informe qu'un remaniement ministériel est en cours et lui offre le maroquin des Entreprises publiques.
"Ce qui m'a particulièrement surprise, c'est qu'il est apparu comme ayant la capacité de faire de moi une ministre", a témoigné l'ex-élue du Congrès national africain (ANC) au pouvoir.
"Je lui ai demandé comment je pourrais bien devenir ministre. Il m'a dit qu'il en toucherait un mot au président. Quand je lui ai exprimé mon choc, il m'a dit 'c'est ce qu'on fait normalement'", a-t-elle ajouté devant la commission.
En colère, Vytjie Mentor assure avoir vu alors, interloquée, entrer dans la pièce le président Zuma lui-même.
"Il ne m'a pas paru du tout surpris, il a essayé de me calmer (...) il n'était pas mal à l'aise ni énervé. La réaction du président était très décourageante, pour le moins, et j'ai décidé de partir", a-t-elle poursuivi, précisant que le chef de l'Etat l'avait lui-même raccompagnée jusqu'à sa voiture.
Jacob Zuma est soupçonné d'avoir accordé pendant la deuxième partie de son règne (2009-2018) de juteux contrats publics et des avantages indus aux Gupta. Il l'a toujours nié, concédant seulement qu'il était proche des trois hommes d'affaires.
Sous la pression de l'ANC, il a été contraint de quitter le pouvoir en février, remplacé à la tête du pays par Cyril Ramaphosa qui a promis de tordre le cou à la corruption.
La semaine dernière déjà, un ex-ministre, Mcebisi Jonas, avait raconté comment les Gupta l'avaient menacé de mort s'il révélait la rencontre au cours de laquelle il lui avaient offert une promotion ministérielle.
Les travaux de la commission devraient durer au moins deux ans.
La participation de Jacob Zuma reste incertaine mais ses avocats, entre autres, ont demandé lundi à pouvoir interroger les témoins.
Le vice-président de la Cour constitutionnelle Raymond Zondo, qui dirige les débats, leur a rétorqué que dans ce cas "ils devraient présenter leur propre version" des faits et qu'il ne se contenterait pas de leur part d'un "simple démenti".
Le juge Zondo a annoncé qu'il rendrait sa décision ultérieurement.
Avec AFP