Nord-Mali : les islamistes menacent Hollande

Des combattants du Mujao, groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), montent la garde sur un char abandonné par l'armée malienne, près de l'aéroport de Gao, au Mali, 7 août, 2012.

Le Mujao a affirmé qu’il enverrait les photos des otages français, morts, au chef de l’Etat français ‘’s’il continue de jeter de l'huile sur le feu’’ en réclamant une intervention internationale dans le nord du Mali.
Les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) ont menacé, samedi 13 octobre 2012, d'"ouvrir les portes de l'enfer" aux otages français si Paris devait poursuivre ses appels à une intervention internationale dans le nord du Mali.

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L'ambassadeur malien à l'ONU, Oumar Daou

Ces menaces coïncident avec la première tournée de François Hollande en Afrique. Le président français se trouvait, samedi 13 octobre 2012, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), pour le 14e Sommet de la francophonie, après une visite la veille à Dakar, au Sénégal.

Le président français François Hollande et le président de la RDC Joseph Kabila à l'ouverture du Sommet de la Francophonie, à Kinshasa, en RDC, le 13 octobre 2012.


“Je veux également saisir les francophones de ce qui se passe au Mali, pays francophone où le terrorisme s’y est installé au nord. Nous devons affirmer notre détermination, là encore, à lutter contre le terrorisme et à assurer au Mali l’intégrité de son territoire”, a déclaré le Président Hollande dans son discours prononcé samedi 13 octobre à l’ouverture de ce sommet.

"Si Hollande continue de jeter de l'huile sur le feu, nous lui enverrons dans les jours à venir les photos des otages français, morts", a menacé Oumar Ould Hamaha, porte-parole du groupe Mujao, faisant apparemment référence à quatre Français enlevés en 2010 dans le nord du Niger et toujours otages.

ONU : déploiement possible d'une force internationale

Vendredi 12 octobre 2012, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution appelant la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) et les Nations Unies à présenter dans les 45 jours un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali, sous le contrôle, depuis avril 2012, de groupes islamistes armés, liés pour un certain nombre d'entre eux, à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).

Le Conseil de sécurité s'est, en effet, déclaré prêt à envisager la constitution d'une force internationale pour aider les forces armées du Mali à reconquérir les régions occupées du nord de son territoire, conformément à la demande des autorités de transition maliennes. La CEDEAO, notamment, est priée de faire connaître, dans les délais prescrits, les modalités d'une telle opération.

Dans une résolution présentée par la France et adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, le Conseil estime que la situation au Mali « constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales ».

Le 26 septembre dernier, devant l'Assemblée générale, le Premier Ministre du Mali, Cheick Modibo Diarra, s'était dit convaincu que seule l'aide la CEDEAO, avec l'aval du Conseil de sécurité, permettrait de recouvrer ces territoires. A plusieurs reprises au cours des derniers mois, ce dernier avait encouragé les pays et organisations de la région à « préparer des propositions détaillées pour le déploiement d'une force de stabilisation ».

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui légitime le recours à une action militaire, le Conseil se déclare « disposé […] à donner suite à la demande des autorités de transition tendant à ce qu'une force militaire internationale prête son concours aux forces armées maliennes en vue de la reconquête des régions occupées du nord du Mali ».

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à gauche, et le président français François Hollande, lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée à Paris, le 9 octobre 2012.


À cette fin, le Secrétaire général Ban Ki-moon est chargé de « mettre des spécialistes de la planification militaire et des questions de sécurité à disposition de la CEDEAO et de l'Union africaine pour mener à bien la planification conjointe qui permettrait à cette force internationale de voir le jour ».

De leur côté, les États Membres et les organisations régionales et internationales sont invitées à fournir dès que possible aux forces armées maliennes leur aide et leur savoir-faire, ainsi que leur appui en matière de formation et de renforcement des capacités.

La résolution prie par ailleurs le Secrétaire général de se concerter avec la CEDEAO et l'UA en vue de lui soumettre, « au plus tard dans 45 jours », des recommandations sur les moyens et modalités du déploiement envisagé et plus particulièrement « le concept d'opérations, les capacités […] de la force, ses effectifs et son coût financier ».

Le Conseil de sécurité se déclare par ailleurs disposé à adopter des sanctions ciblées à l'encontre des groupes rebelles qui refuseraient de couper tout lien avec les organisations terroristes.

Appuyant l'action du Président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, le Conseil engage les autorités de transition à « redoubler d'efforts pour renforcer les institutions démocratiques et rétablir l'ordre constitutionnel au Mali, en organisant le moment venu, à la fin de la période de transition, des élections pacifiques, inclusives et crédibles ».
Quant aux membres des forces armées maliennes, la résolution exige d'elles qu'elles s'abstiennent d'interférer dans l'action des autorités de transition.

Enfin, précise la résolution, les autorités de transition, les groupes rebelles maliens et les autres représentants légitimes de la population locale du nord du Mali sont invitées à entamer, dès que possible, « un processus de négociations crédible en vue de rechercher une solution politique viable, avec l'appui des Nations Unies ».
Une autre étape importante vient d'être franchie, cet après-midi, avec l'adoption, à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, de la présente résolution...
Oumar Daou, ambassadeur malien à l'ONU


Pour sa part, l'ambassadeur malien à l'ONU, Oumar Daou, a souligné qu’’’une autre étape importante vient d'être franchie, cet après-midi [vendredi 12 octobre 2012], avec l'adoption, à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, de la présente résolution et à laquelle le Mali adhère pleinement’’.

Il a rappelé que ‘’l'adoption, le 5 juillet dernier, par le Conseil de sécurité de la résolution 2056 (2012) [avait] ouvert la voie aux perspectives d'un règlement global de la double crise politico-institutionnelle et sécuritaire au Mali’’.

‘’Depuis lors, des faits marquants ont été enregistrés, notamment le retour au pays du Président de la République par intérim suivi de la mise en place d'un Gouvernement d'union nationale qui s'est assigné comme priorités la gestion de la crise dans le Nord du Mali et l'organisation d'élections libres, transparentes et démocratiques.

Une étape décisive a été franchie avec les requêtes adressées par les plus hautes autorités maliennes au Président en exercice de la CEDEAO, au Président en exercice de l'Union africaine, au Secrétaire général des Nations Unies et à la
Commission de l'Union européenne, sollicitant leur assistance pour assurer la stabilité politique et restaurer l'intégrité territoriale du Mali.

C'est le lieu de saluer les efforts louables que ne cessent de déployer nos partenaires et la communauté internationale dans le cadre de l’accélération du processus en cours.

La réunion de haut niveau sur le Sahel qui s'est tenue le 26 septembre dernier participe de cette dynamique.

Mon pays, le Mali souligne, une fois de plus, l'importance et l'urgence du déploiement d'une force militaire internationale, au titre du chapitre VII de la charte des Nations Unies, pour appuyer les forces de défense et de sécurité en vue de restaurer son intégrité territoriale, lutter contre le terrorisme et le crime transnational organisé, et restaurer les droits humains dans ses régions septentrionales sous occupation.

Parallèlement, dans sa quête pour une solution politique à la crise sécuritaire qui affecte les régions septentrionales du pays, le Gouvernement de transition réaffirme fermement que l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali ainsi que la laïcité de l'Etat sont non négociables.

Mon pays réaffirme sa disponibilité entière à coopérer avec le Conseil de sécurité, l'Union africaine, la CEDEAO, l'Union européenne et tous les autres partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution qui vient d'être adoptée.

Dans quelques jours, Bamako abritera une réunion ministérielle du Groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali. Cette rencontre sera marquée par une interaction du Groupe avec les autorités maliennes sur des questions relatives à la gouvernance et la transition, la restauration de l’autorité de l'Etat au Nord du Mali, l'organisation des élections, le soutien à la reconstruction post-conflit et à la consolidation de la paix, la stabilisation de la région du Sahel et l’assistance humanitaire aux réfugiés et personnes déplacées internes. Des échanges porteront également sur le projet de concept stratégique élaboré par la Commission de l'Union africaine.

Nous osons espérer que les résultats de cette importante réunion contribueront au renforcement des initiatives en cours, dans la perspective de l'adoption, dans les meilleurs délais, d'une résolution autorisant le déploiement d'une force militaire internationale au Mali’’, a déclaré le représentant permanent du Mali auprès de Nations Unies à la réunion du Conseil de sécurité vendredi 12 octobre 2012.

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L'ambassadeur malien à l'ONU, Oumar Daou