Grande Bretagne : les députés pressent le gouvernement de reconnaître un génocide de l'EI

David Cameron, Chambre des communes, lors d'un débat sur les frappes aériennes contre les extrémistes du groupe Etat islamique en Syrie, Londres, le 2 décembre 2015.(Parliamentary Recording Unit via AP Video)

La chambre basse du parlement britannique a voté mercredi une motion appelant le gouvernement à reconnaître comme un génocide les attaques du groupe Etat islamique contre les minorités en Irak et en Syrie.

La motion, non contraignante et adoptée à l'unanimité des 278 députés présents parmi les 650 que compte la Chambre des communes, demande au gouvernement de qualifier de génocide les actions de l'organisation djihadiste envers les chrétiens, les yazidis et les autres minorités religieuses ou ethniques de ces deux pays du Moyen-Orient.

Mais le vice-ministre des Affaires étrangères chargé du Moyen-Orient, Tobias Ellwood, a estimé qu'une telle décision était plus du ressort de la justice que de celui de l'exécutif.

"Je pense qu'un génocide a eu lieu, mais comme l'a dit le Premier ministre, le génocide est une question plus judiciaire que politique", a-t-il déclaré.

Les députés de tous partis ont appelé le Royaume-Uni à user de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour que le dossier soit renvoyé devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.

Mais une saisine de la CPI par l'ONU "ne sera possible qu'avec un Conseil (de sécurité) uni et idéalement en coopération avec les pays dans lesquels les crimes présumés ont été commis", a estimé le vice-ministre, faisant référence à l'Irak et à la Syrie, présidée par Bachar al-Assad dont les Occidentaux demandent le départ mais qui est protégé par la Russie et la Chine, elles aussi membres permanents du Conseil de sécurité.

"Mais j'attire l'attention de la Chambre (des communes) sur le fait que, quand des efforts ont été réalisés pour renvoyer la situation en Syrie devant la CPI en 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto. Et nous nous attendons à ce que toute résolution du Conseil de sécurité (...) puisse être tout aussi bien à nouveau bloquée", a exposé M. Ellwood.

"Mais d'autres discussions ont lieu actuellement. Nous sommes maintenant dans une situation différente de celle de 2014", a-t-il toutefois reconnu.

Les Etats-Unis ont déclaré en mars, par la voix de leur secrétaire d'Etat John Kerry, que les massacres perpétrés par l'EI contre les minorités chrétienne, yazidi et chiite étaient des génocides, se disant prêts à aider la CPI à rassembler des preuves.

Un génocide est un crime selon les règlements internationaux mais les propos de John Kerry n'obligent pas juridiquement Washington à engager des poursuites, selon des responsables américains.

Le groupe EI recrute des islamistes extrémistes parmi les communautés sunnites et a commis des tueries de masse contre les chiites, les chrétiens et les yazidis.

Avec AFP