Bras de fer au sommet à Tripoli: un nouveau Premier ministre arrive, l'actuel dit rester au pouvoir

Le Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah assiste à une cérémonie d'inauguration d'une route, à Tripoli, en Libye, le 31 janvier 2022.

Le Premier ministre libyen Abdulhamid al-Dbeibah a déclaré dans une interview sur Libya Al Ahrar TV vendredi qu'il envisageait une feuille de route pour faire sortir le pays de la crise politique qui le secoue.

Il s’est dit prêt à se retirer de la course à la présidence afin de faire aboutir son initiative, dont les contours devraient être révélés dans les prochains jours.

La veille, la tension est montée d’un cran lorsque le Parlement, basé dans l'est du pays, a nommé un nouveau Premier ministre, en la personne de l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bashagha.

Toutefois, le Premier ministre Abdulhamid al-Dbeibah, reconnu par les Nations unies, a rejeté les initiatives du Parlement, affirmant qu'il ne céderait le pouvoir qu'après des élections nationales.

Ce bras de fer menace de replonger la Libye dans la scission entre deux administrations parallèles en guerre qui ont gouverné de 2014 jusqu'à ce qu'un gouvernement d'union soit installé l'an dernier dans le cadre d'un plan de paix soutenu par l'ONU.

Du point de vue du Parlement, on estime que le gouvernement intérimaire de M. Dbeibah n'est plus légitime depuis le report des élections prévues en décembre dernier.

Envol pour Tripoli

Tard dans la journée de jeudi, M. Bashagha s'est envolé pour Tripoli avec certains des membres du Parlement, alors qu'il se préparait à essayer de former un nouveau gouvernement qui pourrait obtenir le soutien de la majorité du Parlement.

Dans un bref discours prononcé à son arrivée à Tripoli, M. Bashagha a remercié M. Dbeibah pour son travail et a déclaré que la démocratie garantissait un transfert pacifique du pouvoir.

L'Armée nationale libyenne du commandant de l'Est Khalifa Haftar, qui a mené une offensive de 14 mois contre le gouvernement de Tripoli dans lequel M. Bashagha était ministre de l'Intérieur, a déclaré qu'elle saluait sa nomination.

Dans la capitale, il n’y a pour l’instant aucun signe immédiat de confrontation entre les partisans des camps rivaux, même si la veille M. Dbeibah avait échappé à une tentative d'assassinat.

Le rôle des partenaires

L'attitude des pays étrangers pourrait s'avérer déterminante. Au cours de la dernière guerre, la Russie, l'Égypte et les Émirats arabes unis ont soutenu le camp oriental, tandis que la Turquie soutenait le gouvernement de Tripoli.

La reconnaissance internationale de ce gouvernement signifiait également qu'il était impossible pour l'administration parallèle de l'Est de vendre facilement du pétrole pour financer ses opérations, bien qu'elle contrôle les principaux champs pétroliers.

Pour l’heure, le conseiller des Nations unies pour la Libye et les pays occidentaux affirment que le gouvernement d'unité nationale de M. Dbeibah est toujours valide. Ils exhortent le parlement à se concentrer sur l'organisation d'élections.

Avec Reuters.