L'ex-Premier ministre et chef du principal parti guinéen Cellou Dalein Diallo est visé par une enquête pour "corruption et enrichissement illicite" lors de la vente de deux avions et autres biens appartenant à la défunte compagnie nationale, a annoncé un parquet spécial.
Le parti de M. Diallo a démenti toute malversation.
Les faits présumés remonteraient à 2002, lors de la cession des biens d'Air Guinée, en faillite. "Dans la cession de ces biens de l'Etat certains cadres de l'Etat et un opérateur économique ont commis des infractions graves à la loi pénale", a dit mardi soir à la télévision nationale Ali Touré, procureur de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), nouvellement créée.
Ali Touré a cité Cellou Dalein Diallo, alors ministre des Transports sous le régime du général Lansana Conté (1984-2008), Cheick Amadou Camara, alors ministre de l'Economie, ainsi qu'un directeur d'un service de privatisation et un opérateur économique.
Les soupçons portent sur la vente d'un Boeing 737, d'un avion à turbopropulseurs de type Dash 7 et des pièces de rechange, du siège de la compagnie à Conakry et d'installations à l'aéroport, a-t-il précisé sans toutefois en dévoiler le montant.
Le parquet a demandé l'ouverture d’une information pour "malversation dans la passation des marchés publics, corruption, enrichissement illicite, détournement de deniers publics, recel de biens et complicité", a-t-il dit.
"Cellou Dalein Diallo et ses collaborateurs ne se reprochent rien", a réagi son parti, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dans un communiqué publié dans la nuit. "Ils sont heureux de constater que le dossier est transmis à la Crief afin d'apporter toute la lumière sur cette affaire", a-t-il ajouté.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force le 5 septembre ont fait de la lutte contre la corruption réputée endémique l'un de leurs grands combats. Ils ont récemment instauré la Crief.
M. Diallo a été le Premier ministre de M. Conté de décembre 2004 à avril 2006. Il a été candidat malheureux aux présidentielles de 2010, 2015 et 2020.
Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s'est fait investir président, a assuré qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" mais que la justice serait la "boussole" du pays. La junte a procédé à l'éviction de nombreux cadres des services de l'Etat.