Procès de la "dette cachée" au Mozambique: l'ex-président Guebuza va témoigner

Le président mozambicain Armando Emilio Guebuza prend la parole lors de la 68e session de l'Assemblée générale au siège des Nations unies, le 24 septembre 2013.

L'ex-président du Mozambique Armando Guebuza doit témoigner jeudi dans le plus grand scandale de corruption du pays, dit de "la dette cachée", qui avait débouché sur une grave crise financière.

Entre 2013 et 2014, trois entreprises publiques mozambicaines avaient contracté deux milliards de dollars de prêts (1,76 milliard d'euros) auprès de banques internationales pour financer des contrats de livraison de navires de pêche et de patrouilleurs militaires.

La révélation en 2016 de ces prêts, tenus secrets jusqu'alors par le gouvernement, a valu au pays, l'un des plus pauvres du monde, le retrait de ses bailleurs de fonds dont le Fonds monétaire international (FMI).

Privé de financement international, le Mozambique, ancienne colonie portugaise indépendant depuis 1975, a alors fait défaut sur sa dette et sa monnaie, le metical, s'est effondrée, provoquant la plus grave crise financière depuis son indépendance en 1975.

Un audit indépendant mené par la suite a découvert le détournement de 500 millions de dollars (426 millions d'euros) qui restent introuvables.

M. Guebuza, âgé de 79 ans et qui sera le personnage de plus haut rang à témoigner dans ce procès, a été président de 2005 à 2015.

Son fils aîné, Ndambi, compte parmi les 19 accusés, tous des proches du pouvoir de l'époque jugés pour chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment. Il est en détention depuis son arrestation en février 2019.

En août dernier, Ndambi a nié en bloc les accusations lui reprochant d'avoir touché plusieurs millions en pots-de vin pour jouer les "facilitateurs" auprès de son père afin de le convaincre de signer des contrats avec le groupe de construction navale Privinvest.

Le procès se déroule dans un tribunal spécial installé dans une prison de haute sécurité à Maputo.

La semaine dernière, le ministre mozambicain des Finances Adriano Maleiane a déclaré au tribunal que son prédécesseur avait dissimulé deux milliards de dollars de dettes.

L'ex-ministre des Finances Manuel Chang est détenu en Afrique du Sud depuis 2018, dans l'attente d'une demande d'extradition des Etats-Unis pour être jugé pour avoir utilisé le système financier américain pour commettre une fraude dans le cadre de ce scandale, qui est aussi à l'origine de plusieurs autres procédures judiciaires en Suisse et au Royaume-Uni.