Campagne de distribution d’actes de naissance pour les candidats ivoiriens au CEPE

Un enseignant et des élèves de l'école de Goboue, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. (ISSOUF SANOGO/AFP)

En Côte d’Ivoire, plus de 69 000 élèves en fin d’école primaire, et qui doivent passer le concours du Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) et le concours d’entrée en 6e n’ont pas d’extraits de naissance. L’Etat a engagé une course contre la montre pour résoudre problème.

Le ministère de l’Education nationale organise une opération spéciale d’établissement d’actes de naissance. Elle a démarré le 21 mars et prendra fin dans quelques jours, le 8 avril.

"Aujourd’hui il y a 69 523 enfants en classe de CM2 qui n’ont pas d’extraits de naissance dans toute la Cote d’Ivoire, c’est beaucoup", reconnait Mamadou Fofana, directeur de la stratégie, de la planification et de la statistique au sein du ministère de l’Education nationale.

Pour que les enfants concernés passent les examens de fin d’année, une dérogation spéciale leur est offerte à travers une opération d’audience foraine leur permettant d’obtenir les extraits de naissance.

“Chaque élève sans extrait de naissance vient avec un parent dans son école et vient signer les quatre fiches. Le directeur d’école dépose ça à l’IEP et l’IEP maintenant va prendre pour aller déposer soit à la mairie soit à la sous préfecture. Mais quand le parent va aller signer le papier, il doit déposer le prix de timbre qui est de 500 francs CFA", explique Mamadou Fofana.

Il encourage tous les parents à suivre la procédure pour le bien de leurs enfants.

"C’est un droit pour l’enfant d’avoir un extrait.... Il faut que tous les parents d’élève se rendent dans les différentes écoles de leurs enfants munis de 500 francs pour renseigner les papiers qu’on va leur donner pour que leurs enfants puissent avoir des extraits de naissance, c’est une information importante", conseille-t-il, avant de conclure : "Ceux qui n’auront pas d’extraits de naissance ne pourront pas passer malheureusement les examens cette année. Nous sommes clairs là-dessus.”

Le réseau ivoirien pour la promotion de l’éducation encourage les parents à établir les actes de naissance pour les candidats au CEPE sans extraits. Toutefois, Paul Gnolou, le responsable du réseau avertit les parents d’élèves que cette mesure spéciale ne va pas se répéter chaque année.

“Ce sont des mesures exceptionnelles; ça ne devrait pas avoir lieu chaque année. Les parents devraient tout faire pour pouvoir leur offrir des extraits de naissance. Du CP1 au CM2 ça fait six ans, ça… ce n’est pas normal [qu’] un parent ne donne pas un extrait à son enfant”, estime-t-il.

Certains enfants ne comprennent pas cette négligence des parents.“Mon point de vue c’est que les parents négligent leurs enfants et puis ils ne prennent pas l’école au sérieux".

"Je pense ils doivent respecter leurs devoirs de mettre leurs enfants à l’école", avance Marie Carole, élève au CM2.

Djimon Onelle Fatima, élève en CM2, insiste sur les conséquences que peut avoir sur les enfants l’absence d’actes de naissance.

"C’est très démoralisant pour ces enfants qui n’ont pas d’extraits de naissance et ça cause beaucoup de problèmes dans la société. Pour moi, les parents doivent faire les extraits à la naissance des enfants pour qu’ils puissent aller à l’école. Je pense que avoir un extrait de naissance est obligatoire pour passer l’examen", explique la jeune fille.

Pour d’autres enfants, la pauvreté justifie l’attitude de certains parents. "Parce que souvent il y’a des parents qui n’ont pas les moyens… et puis il y’a d’autres qui ne pensent pas que l’école n’est pas obligatoire pour les enfants", confie l’un d’entre eux à VOA Afrique.

“Je dirai au gouvernement d’aller souvent dans les villages ou campements, organiser des campagnes pour inciter les parents à faire les extraits de naissance pour les enfants", propose un autre élève.

À quelques jours de la fin de cette opération, le ministère interpelle les parents concernés. "Vraiment nous appelons tous les parents à rentrer dans cette opération. Ils paient seulement le prix de timbre qui est de 500 francs", martèle Mamadou Fofana, directeur de la planification et de la statistique au sein du ministère.