Le Mali accuse la France de violer son espace aérien pour "espionner" ses troupes

Les autorités maliennes ont également dénoncé des survols répétés par un appareil français d'un convoi de troupes maliennes en route pour Gossi, le 21 avril.

La junte malienne a accusé l'armée française de violations répétées de son espace aérien dans le but d'"espionner" les soldats maliens sur le terrain, dernier épisode en date dans la dégradation des relations entre Bamako et Paris.

Dans un communiqué rendu public mardi soir, la junte a déclaré avoir recensé depuis le début de l'année plus de 50 violations "délibérées" de la zone d'interdiction temporaire de survol du centre et du nord du Mali.

Selon les autorités maliennes, une majorité de ces infractions ont été commises par des avions ou des drones français, à des visées "d'espionnage, d'intimidation, voire de subversion".

L'une des infractions évoquées dans ce communiqué concerne le survol "illégal" par un drone français de la base militaire de Gossi, dans le centre du Mali, le 20 avril dernier, au lendemain du transfert du contrôle de cette base par la France aux forces maliennes dans le cadre de son retrait progressif du pays.

Les autorités maliennes ont également dénoncé des survols répétés par un appareil français d'un convoi de troupes maliennes en route pour Gossi, le 21 avril.

Après la restitution de la base de Gossi, une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux a accusé les soldats français d'avoir laissé derrière eux un charnier contenant des cadavres de civils, accusation à laquelle l'armée française a répliqué en diffusant ses propres images, filmées par un drone, montrant selon elle des mercenaires russes du groupe Wagner enterrer les-dits cadavres.

L'armée malienne a dit la semaine dernière que ses soldats avaient découvert une fosse commune près de Gossi après le transfert du contrôle de la base, en précisant que l'état de putréfaction des corps prouvaient que les décès avaient eu lieu bien avant leur découverte.

"Outre l'espionnage, les forces françaises se sont rendues coupables de subversion en publiant de fausses images montées de toutes pièces afin d'accuser les forces armées maliennes d'avoir tué des civils", déclare la junte dans son communiqué de mardi.

A Paris, ni le ministère des Affaires étrangères ni l'état-major des armées n'ont répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.

Les relations entre le Mali et l'Occident se sont nettement dégradées depuis que la junte au pouvoir à Bamako a reporté sine die les élections en février et conclu un accord de coopération avec le groupe paramilitaire privé russe Wagner.

Bamako et Moscou assurent que, dans le cadre d'un accord bilatéral, seuls des "instructeurs militaires russes" sont présents au Mali.

Le Mali a démenti la présence de mercenaires russes sur son territoire, tandis que le Kremlin a par le passé démenti tout lien avec le groupe Wagner.

La France et ses partenaires impliqués dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel ont annoncé en février leur décision de retirer progressivement leurs forces du Mali, jugeant désormais impossible de coopérer avec la junte.