100 jours de guerre en Ukraine: chiffres clés

Un convoi d'évacuation parti de la ville de Kupiansk, longe une route endommagée à la périphérie de Kharkiv, en Ukraine, le 30 mai 2022.

Voici quelques chiffres et statistiques qui, bien qu'en évolution et parfois incertains, apportent un éclairage supplémentaire sur les morts, les destructions, les déplacements et les ravages économiques causés par la guerre.

Cent jours après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la guerre a apporté au monde un rythme quasi quotidien de scènes déchirantes. Mais aussi choquantes qu'elles soient, ces images ne représentent qu'une partie du sombre tableau du pire conflit armé que l'Europe ait connu depuis des décennies.

Pertes en vies humaines

Personne ne sait vraiment combien de personnes ont perdu la vie durant ce conflit. Les déclarations de pertes faites par les officiels sont pratiquement impossibles à vérifier. Dans certains cas, ces chiffres sont minimisés, dans d'autres cas, ils sont exagérés pour des raisons d'image.

Dans certains endroits - comme la ville de Mariupol, assiégée depuis longtemps et qui pourrait être le plus grand champ de bataille de la guerre - les forces russes sont accusées d'avoir tenté de cacher l'ampleur réelle des pertes en vies humaines.

"Au moins des dizaines de milliers" de civils ukrainiens sont morts à ce jour, a déclaré jeudi le président Volodymyr Zelenskyy devant le parlement du Luxembourg. Rien qu'à Marioupol, les autorités ont fait état de plus de 21 000 morts parmi les civils. A Sievierodonetsk, dans l'est, environ 1 500 victimes ont été recensées, selon le maire.

Des personnes se recueillent près de tombes au cimetière de Lychakiv à Lviv, en Ukraine, le 22 mai 2022.

Ces estimations comprennent à la fois les personnes tuées par les frappes et celles qui ont succombé à des effets secondaires tels que la faim et la maladie, suite à l'effondrement des réserves de nourriture et des services de santé.

Zelenskyy a déclaré cette semaine que 60 à 100 soldats ukrainiens mouraient au combat chaque jour, et qu'environ 500 autres étaient blessés.

Dans les enclaves séparatistes soutenues par Moscou dans l'est de l'Ukraine, les autorités ont fait état de la perte de plus de 1 300 combattants et de près de 7 500 blessés dans la région de Donetsk, de 477 civils morts et de près de 2 400 blessés, ainsi que de 29 civils tués et de 60 blessés à Louhansk.

Côté russe, les derniers chiffres publiés par les autorités datent du 25 mars: 1 351 soldats ont été tués et 3 825 blessés, selon un général.

L'Ukraine et les observateurs occidentaux affirment que le nombre réel est beaucoup plus élevé : Zelenskyy a déclaré jeudi que plus de 30 000 militaires russes sont morts. Fin avril, le gouvernement britannique a estimé les pertes russes à 15 000.

Un responsable occidental a estimé que quelque 40 000 soldats russes ont été blessés à ce jour.

Dégâts matériels

Les bombardements, les tirs d'artillerie et les frappes aériennes incessants ont réduit à l'état de ruines de vastes étendues de villes et de villages.

Selon la commission parlementaire ukrainienne des droits de l'homme, l'armée russe a détruit près de 38 000 bâtiments résidentiels, laissant environ 220 000 personnes sans abri.

Près de 1 900 établissements d'enseignement, allant des jardins d'enfants aux écoles primaires et aux universités, ont été endommagés, dont 180 complètement détruits.

Un homme retire un rideau détruit à l'intérieur d'une école endommagée à Kiev, en Ukraine, vendredi 18 mars 2022.

Parmi les autres pertes d'infrastructures figurent aussi 300 ponts routiers et 50 ponts ferroviaires, 500 usines et environ 500 hôpitaux endommagés, selon les responsables ukrainiens.

L'Organisation mondiale de la santé a recensé 296 attaques contre des hôpitaux, des ambulances et des agents de la santé en Ukraine cette année.

Réfugiés et déplacés

Le HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, estime qu'environ 6,8 millions de personnes ont été chassées d'Ukraine durant le conflit. Mais depuis que les combats ont cessé dans la région de Kiev et ailleurs, et que les forces russes se sont redéployées à l'est et au sud, environ 2,2 millions de personnes sont rentrées dans le pays, précise le HCR.

L'Organisation internationale pour les migrations des Nations unies estime qu'au 23 mai, il y avait plus de 7,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Ce chiffre est en baisse par rapport aux plus de 8 millions recensés précédemment.

Terres saisies

Les responsables ukrainiens affirment qu'avant l'invasion de février, la Russie contrôlait environ 7 % du territoire ukrainien, y compris la Crimée, que la Russie a annexée en 2014, et les zones tenues par les séparatistes de Donetsk et de Louhansk.

Jeudi, Zelenskyy a déclaré que les forces russes détenaient désormais 20 % du pays. Bien que les lignes de front se déplacent constamment, cela représente 58 000 kilomètres carrés supplémentaires sous contrôle russe, une superficie totale légèrement plus grande que la Croatie.

Impact économique mondial

L'indice boursier russe MOEX a plongé d'environ un quart depuis la veille de l'invasion et a perdu près de 40 % depuis le début de l'année. La semaine dernière, la Banque centrale russe a déclaré que l'inflation annualisée s'élevait à 17,8 % en avril.

L'Ukraine, quant à elle, a déclaré avoir subi un coup économique stupéfiant : 35 % du PIB a été anéanti par la guerre. "Nos pertes directes dépassent aujourd'hui 600 milliards de dollars", a récemment déclaré Andriy Yermak, conseiller du président Zelenskyy.

L'Ukraine, un important producteur agricole, affirme qu'elle n'a pas été en mesure d'exporter quelque 22 millions de tonnes de céréales. Elle accuse aussi la Russie d'avoir pillé au moins un demi-million de tonnes de céréales pendant l'invasion.

Pain plat traditionnel égyptien "baladi" dans une boulangerie, au Caire, en Égypte, le 2 mars 2022.

Les retombées se sont propagées dans le monde entier, entraînant une nouvelle hausse des coûts des produits de base, en plus de l'inflation qui battait déjà son plein dans de nombreux pays bien avant le début des hostilités.

Les pays en voie de développement sont particulièrement touchés par la hausse des prix de la nourriture et du carburant.

Les cours du pétrole brut à Londres et à New York ont augmenté de 20 à 25 %, ce qui a entraîné une hausse des prix dans les stations. L'approvisionnement en blé a été perturbé dans de nombreux pays africains, qui importaient 44 % de leur blé de Russie et d'Ukraine avant la guerre.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), le prix du blé a subi une hausse de 45 % sur le continent, ce qui affecte tout, du couscous mauritanien aux beignets frits vendus au Congo.