Les êtres humains ont tous une odeur qui émane de leur corps. Mais certaines odeurs en font des cibles privilégiées pour les moustiques. C’est ce qu’indique une récente étude de l’université new-yorkaise Rockefeller aux États-Unis.
Les données publiées ce 18 octobre 2022 dans la revue scientifique Cell révèlent, en effet, le rôle décisif des acides gras corporels dans l’attrait que représente ou non une personne pour cette famille d’insectes responsables de près d’un million de morts chaque année, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Des aimants à moustiques »
Les moustiques concernés ici ne sont autres que l’Aedes aegypti connu, entre autres, comme vecteur de la dengue, du chikungunya ou encore de la fièvre jaune. Ils ont en effet montré des prédispositions à voler en direction d’odeurs à forte concentration d’acides gras secrétés par les micro-organismes vivant sur la peau humaine.
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont regroupé pendant trois ans, 64 personnes dont les avant-bras étaient recouverts de bas de nylon à raison de six heures par jour afin de capter au maximum leur odeur corporelle. Les bas ont ensuite été testés via un procédé d’olfactométrie spéciale concocté par les chercheurs.
"Il existe une très forte corrélation entre la quantité d’acides gras sur la peau et le fait d’être un aimant à moustiques", témoigne Leslie Vosshall, responsable du laboratoire neurogénétique et comportement de l’université de Rockefeller et une des auteures de l’étude. « C’est évident dès le début du test », rajoute sa collègue Maria Elena De Obaldia.
Des cibles pour toujours ?
L’étude révèle également qu'une personne demeure une cible pour les moustiques une fois que les insectes ont jeté leur dévolu sur lui à travers son odeur. Et il n’existe à ce jour aucun moyen de leur échapper. Et cela d’autant plus que les acides corporels en question ne sauraient être détruits sans risque d’altération de la peau de laquelle elles émanent. Même la destruction d’un des récepteurs d’odeur connus chez les moustiques n’y change rien, ainsi que l’ont remarqué les chercheurs à leur grand désarroi. « C’est frustrant », avoue Vosshall dont une étude antérieure, publiée en août 2022 toujours dans les colonnes de Cell, avait déjà montré le sens olfactif aigu des moustiques.
Comment échapper alors à ces derniers ? Les scientifiques émettent un certain nombre d’hypothèses à explorer pour l’avenir. Une d’entre elles consiste notamment à inhiber l’odeur corporelle d’un sujet X identifié comme plus poussé à attirer les moustiques avec celle d’un sujet Y moins prédisposé à cela.
Les auteurs pensent par ailleurs qu’il serait judicieux d’appliquer cette étude à d’autres espèces de moustiques, dont l’anophèle, vecteur du paludisme. Selon l’OMS, cette maladie a causé la mort de 627.000 personnes dans le monde en 2020, dont 96% en Afrique.