Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a exigé mardi de la Russie qu'elle permette aux organisations internationales de rendre visite aux enfants et autres civils "qui ont été déportés de force" en Ukraine vers des territoires contrôlés par Moscou.
La résolution adoptée mardi demande à Moscou de "cesser le transfert forcé illégal et la déportation de civils et d'autres personnes protégées à l'intérieur de l'Ukraine ou vers la Fédération de Russie, en particulier d'enfants, y compris ceux qui sont placés en institution, ceux qui ne sont pas accompagnés et ceux qui sont séparés".
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a également décidé de nommer une spécialiste des droits de l'Homme bulgare, Mariana Katzarova, afin de suivre la situation à l'intérieur de la Russie.
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Le Conseil avait décidé en septembre qu'un rapporteur spécial pour la Russie était devenu nécessaire en raison d'une intensification de la répression dans le pays. Le texte a été adopté par 28 voix pour, 17 abstentions et deux contre (Chine et Erythrée).
Selon Kiev, 16.221 enfants ont été déportés en Russie jusqu'à fin février, des chiffres que la Commission de l'ONU n'a pas pu vérifier. Ce sujet a été au coeur des débats pendant plus de cinq semaines de session du Conseil, la mission ukrainienne et ses alliés ayant multiplié les déclarations à ce sujet.
En outre, la résolution demande à la Russie d'accorder aux représentants et aux collaborateurs des organismes internationaux d'aide humanitaire et de la défense des droits humains "un accès sans entrave, immédiat, durable et sûr, de fournir des informations fiables et complètes sur le nombre et le lieu où se trouvent ces civils, et de garantir qu'elles soient traitées de façon digne et leur retour sans danger".
La résolution demande également à la Russie d'accorder un accès "sans entrave, immédiat et durable" à tous les prisonniers de guerre et autres personnes "détenues illégalement".
"Ecoeurants"
"L'ampleur et la brutalité des atrocités de la Russie en Ukraine dépassent tout simplement toute compréhension humaine", a déclaré l'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko devant le Conseil.
"La plus épouvantable d'entre elles est le transfert forcé des enfants vers la Russie pour leur rééducation et leur adoption", a-t-elle déclaré. "Le transport, le transfert et la déportation forcés d'enfants ukrainiens sont vraiment écœurants", a renchéri l'ambassadrice américaine Michele Taylor.
La Chine a cependant poussé la résolution au vote, sa représentante Li Xaomei qualifiant le texte d'"instrumentalisation des questions de droits de l'homme". Elle a insisté sur le fait que le Conseil aurait mieux fait de soutenir "le dialogue entre la Russie et l'Ukraine" et devrait "cesser de mettre de l'huile sur le feu".
Enquête prolongée
Le texte voté proroge par ailleurs d'un an le mandat de la Commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les violations des droits humains commises en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022.
Le 16 mars, la Commission avait conclu dans un rapport publié à Genève que "les situations qu'elle a examinées concernant le transfert et la déportation d'enfants, à l'intérieur de l'Ukraine et vers la Fédération de Russie respectivement, violent le droit international humanitaire et constituent un crime de guerre".
Le lendemain de la publication de ce rapport, la Cour pénale internationale (CPI), dont le siège est à La Haye, avait annoncé avoir émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour le crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens depuis le début de l'invasion russe.